Reparler de l’enfance d’Evan ne serait pas d’une très grande productivité. Tout ce qui est important de savoir, c’est qu’enfant son père lui avait toujours préféré son grand frère, et que sa mère a tout fait pour combler le manque affectif. Un manque d’amour qu’il trouva rapidement à l’âge de quinze ans lorsque jeune homme légèrement rondouillard on se moqua de lui, les filles le repoussant en affirmant que jamais elles ne pourraient aimer un garçon aussi faible et laid. Evan avait été mis dans une école privée durant un an, en internet, et l’année de ses dix sept ans, il était revenu plus affuté que jamais, plus en forme que jamais, méconnaissable pour la quasi-totalité de ses anciens camarades de classe et des filles qui restèrent bouche bée devant le changement. Ce qu’il fit ? Grand Dieu – oh diantre déjà à l’époque il était croyant ! – il leur ria au nez, lui ne sortait qu’avec des jeunes femmes d’une vingtaine d’année à présent, et Evan comprit alors que plus on envoyait paitre une femme, plus elle revenait. A partir de cette année là, ses conquêtes se multiplièrent, et il ne put dire – en faite si, il tenait les comptes de toutes ses relations dans un livre qu’il gardait sur lui – à combien il avait pris la fleur !

Est-ce que cela le rendait moins triste ? Est-ce qu’il avait moins la sensation d’être seul ? On nait, on vit, on meurt seul ! La preuve, le soir de ses vingt et un an, son père qui revenait de son emploi de policier se tua dans un accident de deux roues. Sa mère en fut dévastée, son frère se frottait les mains de mettre la vieille dans un Ehpad et d’empocher le pactole, tandis qu’Evan décidait de foutre le camp. Direction, les Etats-Unis ! Il fallait vivre son rêve bordel ! A lui les voitures, les villas magnifiques, les filles comme dans les clips et …. Et en faite non. A lui le club de strip-tease pour arrondir ses fins de mois et pour ne pas manger le carton trouvé dans les poubelles. Evan enchaina de nombreux petits emplois jusqu’à réussir à trouver un emploi d’assistant technique. Il écrivait quelques scénarios, et alors qu’il travaillait sur la réalisation d’une bouse sans nom – Le tueur est la mouche pour ne pas le citer – Evan fut appelé par le dirigeant du studio qui avait feuilleté d’un air distrait le texte écrit quelques jours plus tôt. Son premier contrat était signé ! On fait une avance rapide ? Un film, deux, dix, quinze et oh bordel une grande maison vient vous démarcher pour réaliser un film où le héro s’habille en chauve-souris. Vous suivez ? Cool !

Voilà donc qu’Evan, qui avait continué sa vie de séducteur - surement même qu’au final il avait quelques enfants sans jamais le savoir ! – se retrouvait à l’endroit le plus paradisiaque du monde ! Cancun ! Les plages de sable fin, l’hôtel magnifique, les filles à tous les coins de rues, la téquila, le rhum et … sa mère. Inquiète pour son fils, ne voulant pas qu’il succombe aux cartels de la drogue ou aux infections sexuellement transmissibles dans ce monde de débauche était venue lui rendre visite. Evan se doutait bien que si elle était là, c’était surtout pour profiter des cocktails, des hamacs et des gros sous de la boite pour laquelle son fils oeuvrait. Qu’importe, il avait sa chambre, et chaque soir une nouvelle conquête. Voir plusieurs. Mais elles seront détaillés dans des préliens, ne soyez pas gourmands !

Mais alors que le film commençait sa production, la pandémie arriva jusqu’au Mexique. Un cri strident les avait fait se retourner sur le plateau, et Evan avait vu sa mère tituber, se tenant la gorge alors qu’une créature la lui mordait. Sans réfléchir, Evan lui avait mit un coup de siège dans la tête pour la faire lacher, et pour la première fois il vit un rodeur. Sa mère mourut quelques minutes plus tard, en lui demandant de fuir et d’emmener avec lui le plus de monde possible. Dans sa fuite, Hunter déchira sa chemise pleine de sang, se faisant la réfléxion que la prise aurait été parfaite pour le blockbuster, voyant l’acteur phrase mourir en pleurnichant et en se rendant compte qu’il aurait été mieux dans le rôle. Il enfila une tenue prise sur le tournage, une chemise noire sans se rendre compte du col qu’elle avait : celle d’un prêtre. Il rassemblait ce qu’il pouvait, prenant son petit livre personnel et en même temps la bible achetée pour le tournage sans y faire attention.

Le soir même, caché dans les studios en cherchant un moyen pour contacter les autorités, Evan observa son maigre butin avant de réfléchir à une nouvelle idée de film. Celle d’un prêtre aidant ses paroissiens à survivre au châtiment divin. Il entra alors dans la peau de ce personnage, et signe de Dieu – on ne va pas dire du destin à présent qu’on est homme de foi – il découvrit plusieurs jeunes femmes, figurantes mais aussi actrices ou alors travaillant sur le projet, et se présenta comme le Père Sariel. Envoyé du ciel pour les protéger si elles le protégeaient. Evan venait de se faire sa petite armée de supers espionnes à son service. Ils avaient pris le studio comme lieu de vie, les filles partant faire les expéditions pour lui qui leur prêchait la bonne parole, devenant petit à petit leur gourou. Manipulateur, il parvenait à faire naitre en chacune d’elles des sentiments à son égard, et sa liste de conquête n’en devint que plus grande. Elles lui étaient dévouées, corps et âme, elles étaient à lui, parfois seules, parfois en groupe, parfois même toutes ensembles. Evan avait trouvé son nouveau mode de vie.

Deux d’entre elles voulurent quitter le nid après quelques semaines. Hunter leur affirma qu’elles courraient à leur perte, et qu’à cause d’elles, leurs sœurs également ! Pourquoi une telle annonce ? Il avait vu arriver plusieurs rodeurs dans les alentours des studios, et le soir même, un nouveau cri déchira la nuit. Les deux filles se faisaient dévorer tandis que deux autres du studio également. Evan leur expliqua alors qu’en tentant de s’éloigner du chemin, les brebis galeuses avaient apporté le courroux du Divin, et qu’elles n’étaient plus en sécurité sauf si elles acceptaient toutes d’être à son service pour toujours. Ce soir là, on célébra plusieurs mariages avec un seul mari : lui. Sa vengeance contre son passé était bien en place.

Afin de montrer qu’ils devaient tous quitter ce lieu devenu maudit et où les mauvais esprits des deux filles pécheresses ne cesseraient de les hanter, Evan leur fit quitter le studio. Ils marchaient pour trouver un nouveau lieu de vie, jusqu’à tomber sur le groupe des Ruinards, guidé par les McFerley. Les mains sur la bible qu’il tenait contre son torse, deux pas devant ses épouses, Evan se présenta, lui le Père Sariel, né Evan Hunter, demandait à ce qu’on lui accorde le droit d’asile avec ses épouses afin de prospérer dans la Paix en échange de ses connaissances, et de son aide pour que les âmes soient en paix. Au vue de sa condition de prêtre, Evan ne participe pas aux expéditions, mais il donne son avis sur les décisions, et agi tel un conseiller, ses épouses n’étant jamais loin de lui.