On a forgé une chasseuse et un guide de survie à partir de l’enfant trouillarde que j’étais. Au-delà des bras tendus de mes parents qui m’ont poussé vers cette direction, j’ai voulu faire mes preuves et je ne crois pas avoir déçu lors de cette métamorphose. Ma grande déception est apparus avec le seul et premier petit ami que j’ai eu. J’étais jeune quand j’ai fait la rencontre de Kozan et mes parents ne l’avaient pas trouvé aussi charmant que moi. Pour la première fois, je ne me suis pas plié à leur demande et leurs opinions commençaient à perdre de la valeur. J’allais bientôt être adulte, je me sentais libre et accomplis avec lui. Je savais que les relations à distance étaient difficiles mais j’ai cru qu’il en valait la peine. Les voyages et les visites se sont accumulés avec les années et je n’ai jamais vu raison de douter de lui, jusqu’au jour où la distance m’était devenue insupportable. C’est pour cette raison que j’ai décidé de rompre même si à l’époque, j’avais toujours des sentiments pour lui. Mon cœur a cessé de battre quand il s’est présenté à moi, recouvert de sang. J’ai compris qu’il s’en était pris à mes parents, qu’il les avait déclarés coupables de s’opposer à notre union. Mais ils y étaient pour rien ! J’ai paniqué, j’ai voulu fuir en hurlant mais il m’en a empêché et j’ai vécus l’enfer pendant les jours à venir.

La mort, la torture et le décors macabres m’ont complètement anéanti. La police allait faire son entrée et me sauver la vie mais il était beaucoup trop tard pour mon esprit. J’ai cherché de l’aide et du confort auprès des psychologues mais rien ne suffisait à remplir le vide qu’on avait forgé en prenant la vie de mes parents et d’une cousine qui avait tenté d’intervenir. Même si Kozan avait été envoyé en prison, c’est la colère qui s’est installée en moi. J’ai été internée pendant un temps et j’ai dû y perdre la tête. Ce passage m’est resté flou comme un mauvais rêve qui nous reviens par flashs. J’ai le souvenir de quelques-unes de mes crises, de morsures sur l’avant-bras d’un homme et du goût du sang qui m’est resté collé aux lèvres. J’ai fini par comprendre ce que j’avais à faire. Je devais forgé quatre grands murs pour y interner mes émotions. Ils ont dû trouver ça normale parce que c’est ainsi que j’aie retrouvé la société. 

Mon regard de glace s’est posé sur le Japon, un paysage que j’avais autrefois observé sous un angle beaucoup plus chaleureux mais je n’étais pas de passage pour un brin de nostalgie. J’avais retracé la famille de Kozan et j’étais déterminé à me venger, en commençant par lui prendre ce qu’il m’avait pris. Sa famille n’était pas aussi nombreuse que la mienne mais sa mère était vivante et ce fait devait s’éteindre. Armé d’un revolver, je suis monté jusqu’à son appartement pour lui coller une balle entre les deux yeux. Puisqu’il ne pouvait pas assister au spectacle, j’ai pris quelques photos pour m’assurer qu’il en témoignerais un jour ou l’autre et j’ai attendu. J’ai souri en entendant les sirènes de la police se rapprocher. Je savais que ce n’était plus qu’une question de temps. J’allais m’assurer d’être condamnée au même sort que lui et avec moi, je traînerais ces photographes jusqu’à l’île peu importe où je devrais me les enfoncer.

Je me suis lié à un groupe de personnes sur l’île et j’ai appris que Kozan était de nature solitaire. Ça n’a pas été difficile d’éviter d’être remarqué pour planifier ma vengeance. Pendant que mon plan prenait forme, des événements allaient m’empêcher de passer à l’action. Plusieurs groupes se sont mis à quitter l’île et je l’ai complètement perdu de vus. J’ai fini par quitter l’île avec mes amis qui ont rapidement rejoint le groupe des Pacifistes. J’ai trouvé ma place avec eux et j’avoue que j’ai même oublié pourquoi j’étais ici. Le destin avait peut-être décidé de prendre sa propre vengeance et pas que sur mon ex, le monde entier était plongé dans le chaos. J’étais déjà trop froide pour en ressentir le choc, mais je ne voulais pas éteindre la dernière flamme d’humanité qui somnolais en moi. J’ai voulu être utile au groupe même si ça signifiait aider des gens qui ne m’aideront jamais. Je me suis dévouée à eux en restant concentré sur mes tâches dans un monde où survive était le seul but atteignable, jusqu’au jour où il s’est finalement pointé le bout du nez. Comme de rien, Kozan avait été accueilli par mon groupe, s’il ne s’agit pas d’un clin d’œil du destin, rien ne le sera.