James est issu d’une famille possédant deux cultures : celle de son père, qui était un Américain pure souche, patriotique au possible, et celle de sa mère, une jeune femme brésilienne pour qui la religion avait une place importante dans son quotidien. Il a une sœur qui a un an de plus que lui et avec qui il s’est toujours bien entendu, même si selon James, les relations qu’avait sa sœur à partir de ses seize ans ne pouvaient lui attirer que des ennuis. De son côté, James avait quelques amis, mais surtout son meilleur ami, Dave, avec qui il avait fait toute sa scolarité. Ils habitaient le même quartier, ils fréquentaient les mêmes endroits, et tous les deux étaient passionnés de football. Le véritable football. Celui qui se jouait en Europe. Puis, il y avait eu Sarah. James l’avait immédiatement trouvé sublime alors que Dave avait été plus détaché. Sarah, qui avait démontré un intérêt pour Dave, alors James n’avait rien dit, il n’avait rien fait. Voir son meilleur ami s’éloigner pour se rapprocher d’une femme était normal, et quelques fois, James se sentait comme étant la troisième roue du carrosse.

Sa sœur prenait sans cesse sa défense, demandant à son frère de laisser les deux autres, que ce ne serait qu’à ce moment là que Dave se rendrait compte que Sarah ne lui attirait que des ennuis. Si seulement il avait su à l’époque que sa sœur agissait ainsi parce qu’elle était folle amoureuse de son meilleur ami … puis un soir lors d’une conversation, Sarah avait fait part de ses soucis, du fait qu’elle n’avait plus d’argents, et en rigolant, une bière à la main, James avait suivi le délire de Dave. « Pourquoi pas le braquage, après tout, Sarah est intelligente, toi Dave ton père travaille dans une armurerie, et je pourrai même mettre à mal les systèmes informatiques de défense de la maison blanche à mal » Bordel, c’est ce qu’il s’était passé. Une petite banque, pour l’adrénaline, pour le fun, pour se faire quelques sous en plus. Comment James aurait-pu cracher sur de l’argent facile alors qu’il en avait besoin pour continuer à payer ses études et un système informatique plus performant pour ne pas être dépassé ? James était au volant, il avait récupéré dans une casse une vieille Camaro Z-28 de 1968. Elle faisait un bruit dingue, et pourtant elle était parfaite.

Seulement ils ne pouvaient pas rester dans la même ville, James avait prétexté à ses parents un road-trip en compagnie d’amis à travers plusieurs états, un moyen de décompresser et surement même de faire quelques escales en cherchant des emplois saisonniers afin de parcourir le pays. Quelle serait leur honte de savoir que leur fils avait fait de telles choses ! Au bout d’une dizaine, James voulu arrêter mais Dave se montra violent à son égard, et Sarah ne sût jamais qu’à ce moment là, ils en étaient venus aux mains, prétextant une bagarre dans un bar plutôt que d’avouer que les deux n’étaient plus sur la même longueur d’onde. « Tu continues James, sinon je te balance aux flics. Tant que je n’ai pas le million pour me barrer loin de cette vie de merde, tu fermeras ta gueule et tu continueras. » James l’avait regardé sans reconnaitre son ami. « Et Sarah ? Elle est au courant Sarah ? ». Dave avait ri, lui tapant d’un air narquois la joue. « C’est vrai que tu l’as toujours kiffé …. Elle sera à toi, avec tous les millions, tu ne crois pas que je vais m’empêcher de vivre pour une nana. » Un lien s’était brisé entre les deux amis à ce moment là.

James s’en voulait de ne rien dire à la jeune femme, elle méritait de savoir la vérité, mais comment pourrait-t-elle le croire ? Dave dirait tout le contraire et ce n’était pas lui qu’on allait croire. Alors, il avait mordu sa joue, gardant le secret, voulant protéger la jeune femme, se promettant de rester auprès d’elle lorsque Dave partirait sans prévenir. Les hôtels de luxe, les belles voitures, pour James les filles également, sans jamais perdre de vue son ami ainsi que sa Camaro qui les emmenaient dans toutes les villes. Lorsque James observait Sarah, il la voyait heureuse et souriante, tandis que Dave commençait à se lasser de plus en plus sans qu’elle ne s’en aperçoive. En terminant un braquage un jour, allant prendre une douche dans un motel, les trois amis avaient allumé la télévision et avaient pris conscience de l’épidémie. Oh, ce n’était pas grand-chose, dans peu de temps, tout serait passé. Alors ils avaient repris la route à bord de la Camaro, direction le Texas.

« JAMES ATTENTION !!!! » Le jeune homme avait fait une embarquée pour ne pas percuter la personne au milieu de la route, et s’étaient sortis difficilement de la Camaro fumante. « Eh merde …. Sarah, ca va ? Dave ? ». « Bouge, aide moi James ! » James avait prit la main de son ami. « Sarah va bien ? » extirpant son Dave, James avait regardé la voiture. « On s’en cogne elle doit être sortie Bouge, le balafré arrive! » Mais James s’était penché en avant. « Non elle est juste là. Viens Sarah je vais t’aider. » Et Dave s’était penché à son tour pour aider la jeune demoiselle, prenant des nouvelles d’elle avant de se redresser et de frapper le mort avec une branche en plein dans la tête, sous le regard surpris des trois amis qui comprenaient la réalité des choses. James avait observé la voiture, mais ils s’étaient fait à l’idée, à présent ils allaient devoir marcher. Tous avaient un sac, ainsi que plusieurs billets, sans savoir que dans peu de temps, l’argent n’aurait plus aucune valeur.

Les premières heures de l’épidémie furent rudes, ils n’avaient qu’un abri de fortune, et heureusement ce fut l’aide d’une équipe de policier qui leur permit de survivre. Bien évidement, ils avaient eu des sueurs froides, mais aucun des membres des forces de l’ordre ne questionnèrent sur les sacs qu’ils avaient, ainsi que sur les nombreuses liasses de billets. Noel arrivait avec un cadeau digne du Père Fouettard : l’annonce de l’étendue des dégâts. « Je viens d’avoir un message, mes parents et ma sœur vont au Brésil, ils me disent qu’on doit les rejoindre, qu’on y sera plus en sécurité. Venez. » James avait prit une des voitures, une Shelby Mustang rouge, et les trois amis avaient pris la route. Sur le chemin, les amis s’arrêtaient dans des villes fantômes, prenant les armes, les munitions, les médicaments et la nourriture qu’ils trouvaient, s’arrêtant à chaque fois dans la plus belle maison du quartier pour profiter du maximum de conforts.

Et Dave avait commencé à parler de la mer. Que les morts ne pouvaient pas nager, pas survivre dans l’eau, qu’il fallait prendre un bateau et s’éloigner des rivages. Pour la première fois, James vit de la peur dans le regard de Dave. Ils étaient au Mexique, au niveau de Veracruz, dans un magnifique hôtel blanc à l’abandon lorsque le drame arriva. Rapidement ils s’étaient fait encercler par une horde de balafré, et ils allaient vite être en rade de munition lorsque Dave prit James par le bras. « La seule option pour survivre c’est de laisser Sarah derrière nous. Ils seront retardés, et au moins on pourra se barrer fissa par derrière. » Comment Dave pouvait le décevoir encore une fois de plus ? James comprit que ce dernier aurait fait la même chose avec lui si seulement Sarah était plus avantageuse pour sa propre survie, et alors que Dave allait bloquer Sarah, ce fut James qui bloqua le bras de son ami, lui mettant la main sur la bouche pour qu’il n’hurle pas, le bloquant au niveau des balafrés avec un regard entendu.

Il avait prit la main de Sarah, la sauva elle plutôt que son meilleur ami, et ne lui avait pas lâché malgré ses cris pour aller aider un homme qui ne la méritait pas. Oui, il avait appelé Dave, espérant quand même qu’il s’en sorte, voulant surtout lui faire comprendre que ses actions ne pouvaient apporter que la douleur, mais ce dernier était déjà mort. James avait encerclé ses bras autour de la taille de Sarah, puis l’avait guidée jusqu’à la Mustang avant de reprendre la route. La jeune femme ne lui décocha pas un mot durant de nombreuses journées, et James la laissa faire son deuil. Elle ne savait rien du véritable comportement de Dave, et lui-même était dévasté d’avoir vu son ami de toujours mourir devant ses yeux. Ce fut un soir dans un camp de fortune que Sarah vida son sac. James encaissa sans rien dire, et lorsqu’elle craqua, il la prit dans ses bras pour la réconforter.

Durant plusieurs mois, les deux amis continuèrent le voyage à deux, se retrouvant petit à petit, de plus en plus complice, le soleil du Mexique revenant haut dans le ciel, faisant revenir en même temps une chaleur qui était la bienvenue tandis que le panneau annonçant Cancun se trouvait devant eux deux et que le bruit de la Mustang vrombissait alors qu’ils cherchaient un endroit où déposer leur voiture à l’abris des regards indiscrets.