Rien n'avait plus de véritable sens. Plus j'avançais et plus je prenais conscience que le monde ne serait plus jamais comme autrefois. Dur certes, mais nous avions encore la possibilité de trouver un certain contrôle. L'impossible ne restant que dans les livres ou les films, là où nous pouvions espérer une fin et le générique s'élevait nous permettant de reprendre notre vie aussi épuisante pouvait-elle être. La mienne n'était pas de tout repos entre mes recherches et Bruce. Notre dispute nous avait littéralement éloignés l'un de l'autre. Même si j'étais consciente que c'était pour me protéger, je ne pouvais pas admettre cela. Surtout que j'avais juré à Zayna de prendre soin de lui quand nous partions en mission. Une promesse que j'ai toujours respecté jusqu'au moment où ce missile ne le fasse tomber dans le coma et qu'une bombe lui enlève sa famille et la mienne par la même occasion. Je n'ai jamais pu me pardonner cela. Cette absence. Cette impuissance. Depuis le premier jour, les Smith se sont fait un devoir pour m'épauler, m'aider et me faire reprendre une vie normale acceptant mieux ma condamnation et m'aidant lorsque je suis sortie de prison. Ils m'ont pardonné ce silence lorsque ma mère est morte comprenant que cela n'a pas été facile pour moi d'accepter de ne pas avoir pu lui dire adieu. Dans tout cela, Bruce m'a éloigné d'une vendetta qui me concernait aussi. Même si au fond, j'ai joué les anges de l'ombre l'aidant et lui donnant les informations dont il avait besoin pour poursuivre sa vengeance. De loin, j'ai joué les snipers, et ce, jusqu'à Cancun où notre existence entière a basculé.

Et je me retrouve là, l'espoir au cœur de le retrouver et de renouer notre lien dans ce chaos qui ne nous quitte plus. Cet Enfer éternel venu certainement d'un virus crée par l'homme. La nature n'est pas aussi cruelle pour faire ressortir quelque chose d'ancien. Je reste persuadée que cela vient des recherches poussées par des scientifiques pas très clair. À trop vouloir jouer à Dieu, nous sommes punis désormais. Puni d'un éternel combat de survie à devoir tuer des êtres encore conscients et qui pourtant à la moindre morsure ou griffure sont passibles d'être un danger pour nous. Nous sommes devenus par la force des choses des meurtriers en puissance. Cette révélation ne me fait rien, j'ai toujours été consciente de la part d'ombre qui sommeille en moi. Je l'ai accepté avec le temps même si mon comportement froid me surprend et m'effraie.

Tout comme mon état faible me fait peur alors que je cours pour fuir ces zombies qui en veulent à ma chair. Je n'accepte pas de mourir. Pas maintenant. Pas avant d'avoir revu Bruce et de lui demander pardon. Pardon de ne pas avoir su le protéger. Pardon de ne pas avoir pu changer le destin des siens. Pardon pour cette disputé. Mais je ne lui demanderais pas pardon de m'être immiscé tout de même dans sa vendetta. Le prendra-t-il mal ? Ou bien sera-t-il silencieux ? Je ne sais pas, cela fait trop longtemps que nous sommes séparés pour que je puisse savoir comment il est désormais. J'avoue que j'ai un peu peur de lui faire face. Après tout, il est mon dernier morceau d'humanité. Le seul qui me permettra de ne pas franchir la barrière.

Chutant au sol, j'ai dû mal à trouver la force de me relever. Je me sens tellement faible. J'ai faim et putain ! Qu'est-ce que je rêve d'un bon kebab ou encore un putain de barbecue avec de la viande marinée. Serrant les poings, je grogne réussissant tant bien que mal à me remettre sur pied. << Je dois courir. Ne pas lâcher. >> Fis-je dans un essoufflement avant de me remettre à courir et de voir une silhouette en face de moi. << C'est quoi ce bordel ? >> J'avais du mal à croire ce que je voyais sous les yeux. J'hésitais entre rire et pousser un soupir d'exaspération. Les cons, y en a partout, on dirait.

- VA TE RÉFUGIER ENTRE LES MURAILLES IMPRENABLES DE A FORTERESSE DE BRUCE PREMIER!

Bruce ? Il ne me voit pas et ne fait même pas attention à moi qu'i se jette déjà à corps perdu dans la marée de zombie qui me poursuivait. Putain, mais... C'est quoi cet accoutrement ! Les bras ballants, je le regarde prendre son pied dans cette tuerie. Loin de m'en plaindre, c'est le reste qui me laisse un goût amer dans la bouche. Je l'observe. Des tatouages que je ne lui connaissais pas. Des piercings et... Des implants sous-cutanés. Je ne sais pas quoi faire. Je suis trop choquée parce que je vois. << Bruce... >> Soufflais-je alors que le dernier corps de cet être qui n'était ni mort ni vivant chute au sol. << Putain, Bruce, c'est bien toi ? >> Je m'approche, pas sûr qu'il ne m'entende avec cette musique qui s'élève dans ces oreilles. Une main sur son épaule, je le tourne face à moi constatant véritablement l'étendue de ce changement. De ce tatouage semblable au mien. << Bruce. >> J'avais presque envie de pleurer, mais je me retenais le prenant contre moi, le serrant dans mes bras. << Merde Bruce, je t'ai cherché partout. >>

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C'est comme si au final, notre dispute n'avait pas eu lieu. Je le serre contre moi bien heureuse de le retrouver vivant et sans aucune blessure. Pas de morsure qui ferait de lui un mort en sursis. J'ai assez côtoyé ce genre de personne durant ma vie et je ne veux pas en venir à te voir soulager ces souffrances à lui aussi. Cette seule perspective me fait mal, s'il venait à totalement disparaître, je viendrais à perdre la dernière dose d'humanité qu'il me reste. Je n'ai pas envie de devenir une âme errant dans ce monde sans but à me mettre sans cesse en danger parce que la Faucheuse se fait longue à attendre. Je crois que lui-même n'a pas conscience de ce qui lui arrive. Que c'est bien moi qui me trouve face à lui, le cœur soulagé et le sourire aux lèvres oubliant de l'engueuler après avoir disparu sans donner de nouvelle. Je pense qu'on est quitte parce qu'il ignore encore que je me suis tout de même mêlée de sa vendetta. Moi aussi, j'avais eu des comptes à régler. J'ai perdu ma meilleure amie, ma nièce et ma petite filleule. Polly que je revois me suivre partout. Ces deux fillettes que je prenais avec moi pour les emmener au zoo, au parc d'attraction, à la piscine, au fast-food ou bien dormir chez moi pour que leur parent puisse profiter d'un instant en tête à tête. J'aurais tout fait pour eux et Bruce le sait. J'ai ressenti rapidement pour eux un amour que je ne pensais pas posséder. En tout cas pas pour quelqu'un d'autre que ma propre mère qui, grâce à eux, a pu vivre les plus beaux instants de sa vie. Elle a pu avoir deux petites filles pour elle, sourire et rire malgré le fait que j'ai été derrière les barreaux à tenter d'agir le mieux possible pour ne pas rallonger ma peine. J'ai passé un diplôme que je n'ai jamais pu faire, je suis devenue une star de catch en prison et j'ai aidé certaine détenue à revoir leur affaire.

Quand elle est morte, j'ai blessé Bruce. Blessée ma famille de cœur parce que j'ai souffert sombrant dans une grande dépression. À ce jour, je regrette de ne pas avoir profité des derniers instants avec ma mère. De ne pas avoir pu lui dire au revoir et de lui embrasser le front J'ai au fond de moi, beaucoup de regret. Ma mère a toujours dit que par sa faute, je me suis empêchée de faire de longues études. À tort. J'ai préféré m'occuper d'elle. C'est moi qui aie fait ce choix, pas elle. C'est que petite, je voulais travailler dans le domaine de la science et trouver un moyen de guérir le cancer comme on peut guérir d'une grippe. Mais les choses en ont décidé autrement. J'ai fait plein de petits boulots. J'ai vendu ma virginité. J'ai coupé mes cheveux pour les vendre. J'ai piraté plusieurs serveurs de banques. Et quand j'ai décidé d'aller sur le droit chemin, je me suis engagée dans l'unité éloigné de la CIA comme responsable dans l'informatique et des renseignements. J'ai été sniper dans cette unité même si j'avais autant de capacités que les autres, j'avais seulement ma propre place. J'ai eu un avenir et une vie plus simple. J'ai failli me marier avant de me faire délaisser. En si peu de temps, j'ai beaucoup vécu. Et c'est ce que je peux voir dans les yeux de Bruce.

Je le vois faire le clown et ça me fait sourire. Mais quelque chose au fond de moi me dérange, me laissant un goût amer en bouche. Il me serre contre lui et me fait tournoyer comme une gamine. Je ne sais pas comment réagir surtout qu'il sait que je ne suis pas vraiment la plus tactile, même si ces filles m'ont toujours fait craquer et que j'adorais câliner.

- Bruce c’est moi ma belle As de Cœur! Toi aussi tu as profité du spéciale du Springs Break pour venir te faire doré à la plage!

<< Oui, on peut dire ça. Mais les vacances sont à chier. >> Fis-je sur le même humour. Autant rire dans ce chaos sans fin. Ce n'est pas dans la peur qu'on risque de vivre plus ou moins bien. En même temps, Bruce et moi, on a vécu pas mal pour accepter toutes les situations et s'y adapter.

- Moi aussi je t’ai recherché partout. Quand cette merde est arrivée je suis retourné à la maison pour qu’on se tire… Des connards ont fait le bordel. J’ai pris des trucs à nous et je t’ai laissé un message sur le mur.

<< J'étais déjà partie, je ne suis plus retournée à la maison. >> Je l'ai suivi partout pour veiller sur lui, mais j'étais arrivée à Cancun depuis un moment pour étudier le terrain et lui donner les données dont il aurait besoin pour sa vendetta. Après, je crois que j'avais besoin de respirer et de prendre du bon temps tout simplement.

- J’aurai aimé que Molly et Polly te ressemble, forte et déterminer.

Je souris, bien que mon cœur se serre. C'est horrible de penser cela, mais heureusement que Zayna et les filles ne sont plus de ce monde. Comment auraient-elles vécu un tel chaos ? Mal, je présume. Elles n'étaient pas faite pour ce genre d'existence.

- Tu viens à la Casa Del Brucie? J’ai de la bouffe pour te remplir ton estomac et si tu es sage je pourrais de montrer des pas de danse de fou que j’ai appris en Amérique latine. Je bouge ce corps d’enfer comme un posséder de la salsa qui à la tourista!

À parler de nourriture, voilà que je sens mon ventre se tordre. En le revoyant tout s'était envolé ainsi que ma faiblesse, mais quand on vous rappelle quelque chose, cela revient subitement presque violemment. Cependant, son comportement m'intrigue, je l'ai toujours connu différemment plein d'humour certes, mais surtout sérieux et heureux. Là, tout est fichu surtout depuis la mort de sa famille. Est-ce l'accident d'avant son coma qui lui a laissé un souci au niveau neurologique ? Ou bien simplement que cacher sa détresse dans un humour parfois lubrique lui permet de mieux supporter les choses. Je n'en sais rien, je me sens perdue. Je dois bien l'avouer.

La suite me laisse sans voix, quand je le vois courir après le cerf-volant comme un gamin mécontent. Je fronce les sourcils. Tout ça m'inquiète, mais physiquement, je ne vois rien de particuliers mis à part son horrible dessous qui ressemble à une tête d'éléphant. Je m'approche doucement tout en l'écoutant. Décidément, l'ancien Bruce me semble parti, mort avec les siens.

- Bon j’ai perdu mon nouvel ami… Mais vient As de cœur on a du temps à rattraper et on doit se raconter un peu de porno pour se fendre la gueule! On va bouffer et se rincer la glotte… Aussi j’ai des trucs à toi que j’ai rescaper de la maison… Je savais qu’on allait se revoir…

<< Les amitiés, ça vient et ça part. >> Fis-je simplement pour ne pas penser à ma faiblesse qui ne fait que grimper en flèche. << Pas trop envie de porno après avoir vu des macchabée vouloir me bouffer le cul. >> Fis-je en m'avançant doucement vers le poste de surveillance déserté depuis un long moment. Mon pas est sûr malgré le malaise que je sens venir. Le manque de nourriture et la fatigue m'ont tenu prisonnière depuis un moment. Je n'ai pu que compter sur l'eau de pluie et à petite dose pour la garder un maximum de temps.

Une fois à l'intérieur, je me débarrasse de mon sac et je me laisse glisser dans un coin. Mes forces m'abandonnent et je m'allonge sur le bois sec, mais encore bien costauds. << Putain, j'suis épuisée. >> Le sac sous ma tête en guise d'oreiller, j'observe Bruce complètement perdu. << Si tu me racontais maintenant. Et s'il te plaît, ne fais pas comme la dernière fois, j'ai pas la force de me disputer. Je n'en ai plus envie. T'es tout ce qu'il me reste dans ce putain de monde et j'ai pas envie de te perdre à nouveau. >> J'ai pas le droit de le laisser après avoir promis à Zayna de toujours veiller sur lui. Le monde est un champ de bataille permanent alors, c'est mon devoir et mon honneur que de tenir une telle promesse si elle fut faite dans un temps qui me parait à la fois proche et lointain.

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Affalée sur le sol en bois de ce poste de surveillance de la plage, je constate avec plus de véracité que j'ai retrouvé, Bruce. Mais à quel prix ! Je n'ai pas l'impression qu'il est le même qu'autrefois. Je n'ai fait que voir une partie de l'enveloppe du Punisher qu'il était littéralement devenu. Un être à l'esprit vengeur et sans pitié ne vivant qu'au jour le jour sans être sûr de voir demain arriver. Ce que je vois sous mes yeux n'est plus celui que j'ai connu. Je m'en veux. J'aurais dû me battre et aller contre sa décision pour le suivre dans cet Enfer. Il n'était pas le seul à avoir beaucoup perdu dans cette histoire. Bruce et sa famille était devenus la mienne, un trésor d'humanité quand ma mère a finalement succombé à ce putain de cancer. Ils se sont tous accrochés à moi lorsque j'ai décidé de ne plus voir personne coupant les ponts avec tout le monde. Ma dépression allant de plus en plus fort au fil des secondes. Je n'avais que pour compagne les échos des bons et mauvais souvenirs. L'écho de ma défaite. L'écho des combats que je menais durant les tournois de catch en prison. Je m'y défoulais, le seul moment où je pouvais faire couler autant mon sang que celui des autres. Combien de fois n'ai-je pas cru qu'on me vaincrais jusqu'à ce qu'un dernier assaut de ma part me mène à la victoire. Mais pas sans de profondes blessures dont certaines sont dissimulées par des tatouages.

Bruce se change devant moi sans aucune pudeur. Lui qui n'avait pas se montrer à l'époque, voilà que je fais face à une nouvelle conduite de sa part. Les choses ont dérapé bien plus que je ne le pensais, mais ce n'est pas ça qui va me faire changer d'avis. J'ai fait une promesse à laquelle je compte bien m'y tenir. M'acharner même. Mon regard se pose sur le lapin à sa taille et je détourne le regard de peur de verser des larmes. C'était à Polly. Ce doudou que j'ai offert le jour de son baptême et qu'elle n'a jamais plus quitté. J'ai l'impression que mon cœur est entrain de se fissurer plus encore. Moi qui pensais que ce n'était plus possible, voilà que je me rends compte à quel point je me trompais. Zayna et les filles étaient ce qui me rendaient heureuse tout comme mon amitié avec Bruce. C'est pour ça que notre dispute a été si forte. Puissante même. Je ne pouvais pas concevoir qu'il se débarrasse de moi au moment où il avait besoin de ma présence. Peut-être que j'aurais pu être son garde-fou. Mais le Destin et son entêtement en a décidé autrement. Je serre les dents dans l'espoir de reprendre contenance et heureusement, c'est rapidement le cas. Ma fatigue se faisant d'autant plus sentir par ce nouvel déploiement d'énergie psychologique.

- Je ne voulais pas que tu crève à cause de ma vendetta mon As de Cœur. Ne pas perdre la seule personne qui me restait dans ce monde à la con! Maintenant que mes conneries de jouer le Punisher est fini j’aimerais bien devenir fermier. Brucie Jr est un pro du plantage dans les trous!

<< Connerie ! >> Grognais-je simplement. Il doit se rendre compte que si j'ai réussi à survivre jusqu'à présent, c'est qu'il a été un excellent formateur et que j'ai toujours eu de grandes ressources. J'aurais pu lui être utile à côté de lui. Sur le terrain. Mais j'ai dû jouer les anges gardien, à une certaine distance pour ne pas que notre amitié se brise plus encore. << Tu n'imagine pas à quel point je me suis sentie minable et inutile quand tu es parti. J'ai autant perdu que toi. >> J'ai perdu une mère, des nièces dont une filleule et ma meilleure amie. Celle qui m'a permis d'être plus humaine et d'accepter que l'on ne pouvait pas continuellement faire les choses par soi-même. Qu'il y a des moments où il faut accepter qu'une main nous soit tendue. Même s'il veut rigoler, je ne suis pas vraiment d'humeur à le suivre. Après le soulagement de le retrouver, c'est la colère longuement enfermée en moi qui prend le dessus.

- Je suis né au New Jersey… Non ça c’est trop loin tu préfères surement depuis que j’ai parti chasser Senior Cocaina?

<< J'en ai rien à foutre de ça Bruce, je sais ce qu'il s'est passé. À ton avis, qui c'est qui t'a donné toutes ces informations et ces localisations. >> Je me redresse m'asseyant, le dos appuyé contre le mur. << Tu peux me regarder comme tu veux, mais je ne pouvais pas t'abandonner. J'ai promis de veiller sur ton cul et c'est ce que j'ai fait et que je continuerais à faire. >> Je tousse. Trop faible pour continuer à le gronder comme un gamin. Mon ventre grogne au parfum du ragoût qu'il est entrain de préparer. Je pense qu'il sait qu'il est allé trop loin tout en étant convaincu que ça en valait la peine.

- Ça va te remettre sur le piton ma belle! Encore merci pour notre famille. Elles auraient apprécié les colombes et les ballons. Moi comme le dernier des cons assommés je dormais dans le coma.

<< J'aurais aimé en faire bien plus. >> Comme pouvoir sauver tout le monde. Mais il semblerait que ceux qui me sont proches finissent, au bout d'un moment, par disparaître, que je le veuille ou non.

- J’ai couru dans le monde en flinguant ceux qui se pensait intouchable. Moi je ne me gênais pas pour les toucher bien en profondeur. J’ai jonglé avec des grenades dégoupillé pour me foutre de leur gueule, j’ai brûlé des champs de coca au lance-flamme et j’ai planté Brucie Jr dans tellement de bordels que si je ne serais pas vasectomisé j’aurai des héritiers de chaque nationalité. Je me suis faire des chouettes tatouages et des trucs de dingues aussi.

<< Oui et bien sûr dans tous ça, t'as même pas capté que quelqu'un veillait sur ton cul à ces moments-là. T'as jamais capté des corps qui tombaient derrière toi à coup de balle dans la tête. >> À défaut d'avoir été à ces côtés, j'ai pu veiller sur lui de loin. Zayna ne pourra pas me reprocher d'avoir manqué à la parole que je lui ai faite. << Laisse-moi te dire que t'as vraiment des goûts de merde concernant les femmes. Tant que ça écartait bien les cuisses, ça te convenait. >> Pour ma part, j'ai pas trop songé à brouter du gazon. Sans doute une fois ou deux, façon de parler bien sûr, mais je n'avais jamais l'esprit tranquille avec un suicidaire comme Bruce.

- J’ai tué chaque responsable de la mort de Zayna et des gamines. Les démons doivent les enculer à sec pendant qu’on parle.

<< Je sais Bruce. >> Ce n'était qu'une étape dans nos vies que tuer tous ces enculés. À présent, nous voici face à une autre étape du jeu. Notre vie contre le monde. Celui des vivants et des morts. On ne pouvait plus vivre comme auparavant avec ce virus qui s'est propagés à une vitesse croissante et absolument pas rassurante pour un sous. << Mais j'crois bien qu'on a attiré des fans démoniaques dans notre monde, Bruce. >>

La tête ailleurs, je me souviens de quelques données que j'ai glané sur le dark web, mais c'était si peu. Trop peu même. Qui aurait pu croire qu'une telle chose arriverait. J'aurais beau penser que c'est un virus crée par l'homme suivi d'une attaque terroriste d'ordre mondiale qui a été programmé, mais je risque d'être surprise si j'enquêtais plus en avant sur cette histoire. De toute manière, qu'est-ce que ça changerait, hein ! Plus de retour en arrière, même ceux qui ont, sans doute, lâché cette merde se retrouve baisé par leur propre création.

- Non ne me tape pas le chocolat est à toi! Fais pas comme à Mike qui t’avait volé ta caramilk!

Dérangée dans mes pensées, je vois Bruce dans une position étrange surtout avec un kilt qui doit montrer son cul au premier venu. J'arque un sourcil, mais mon regard est attiré par la barre chocolaté qu'il est entrain de m'offrir. Malgré moi, je ris un peu en me souvenant de cette scène où Mike a compris qu'on ne me piquait pas mon caramilk sans en subir les conséquences. << C'est comme ça que tu comptes te faire pardonner, Bruce ? En m'offrant du chocolat. >> J'arque un sourcil et le prend le portant à mon nez pour en sentir le doux parfum de caramel chatouiller mes narines. << C'est un bon début, t'as de la chance. >> En ce moment, je pourrais vendre mon âme pour du whisky et du caramilk, c'est certain.

- C’est bien ça. Bon on bouffe? Et par la femme à barbe que je me suis faite en Colombie que fais-tu ici?

Je soupire. N'a-t-il pas entendu tout ce que j'ai pu dire jusqu'à présent ou bien ne m'a-t-il pas cru ? Je n'en sais rien. J'ai les crocs, mais je peux bien me complaire dans une nouvelle explication. << Malgré notre dispute, j'ai pas pu t'abandonner, Bruce. >> Fis-je d'un ton calme. << Comprends-moi, il ne me restait plus que toi et j'ai promis à Zayna de veiller sur toi et putain ! Qu'importe que ce soit une légion de démons, d'humains ou de macchabées, personne ne m'aurait fait rompre cette promesse. >> Je le regarde un instant avant de reprendre. << Disons que j'ai joué les anges gardiens pour veiller sur ton petit cul. Les snipers quand il le fallait et les informatrices parce que je suis la seule suffisamment compétente à glaner les informations qu'il te fallait sans que tu n'aies à tourner en rond. >> Je passe une main dans mes cheveux. << Tout comme toi, le voyage c'est fini ici. J'espérais à un peu de repos avant de réapparaître devant toi, mais cette merde à commencé et... Je t'ai cherché jusqu'à te trouver. >> Et à refaire face à un pan de mon passé en revoyant celui qui a joué les rabatteurs pour le client qui a acheté ma virginité. Client qui se trouve également ici et à la tête d'un des groupes. Comme quoi, l'adage a raison, nous n'échappons pas vraiment à notre passé.

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Impossible pour moi de ne pas être honnête envers Bruce. C'est toujours ainsi que les choses ont fonctionné entre nous. Dès notre première rencontre, je n'ai jamais eu la langue dans ma poche. Sa tendance à jouer les papas un brin moralisateur n'ont fait qu'augmenter ma colère. Ce jour-là, je n'étais pas fière de ce que j'ai dû faire, mais pour ma mère, j'ai toujours été prête à tout même à faire de la prison. Le monde d'avant été bouffé par l'argent et le pouvoir. Que l'on naisse, vive ou bien meurt. Nous devions payer. Tout avait un prix parfois horriblement exorbitant. Je l'ai compris bientôt alors que j'étais encore qu'une enfant qui voyait sa mère aller travailler dans des films pour adulte pour que je ne manque de rien. Mon père lui, a été absent à chaque moment de mon existence et je n'ai jamais cherché à le voir Bien au contraire. Il a décidé de ne pas faire parti de notre vie alors, pour ma part, cela ne servait à rien de le pleurer ou encore de le réclamer. Il y a eu une entente sur ce point entre mes parents alors, à quoi bon éprouver une quelconque colère ou haine. Mais Bruce a été le défouloir de ce moment où j'ai vendu mon corps à un homme. Oh, mon amant de ce soir-là n'a pas été horrible. Ce fut une belle première fois, mais j'ai toujours eu du mal à partir de ce moment à me diriger vers un homme. C'est automatique. Instinctif.

Quand il siffle, je lève la tête attrapant agilement la bouteille qu'il me lance. Lorsque je remarque que c'est du whisky, j'esquisse un léger sourire. J'ouvre la bouteille et en bois une bonne gorgée. Putain que ça fait du bien. Merde ! Je me demande où il a pu la trouver surtout que ce n'était pas de la merde.

- Tu as la voix terriblement sexy et rauque mon As de Cœur. Ça va t’aider à te rincer ton gosier avant de bouffer cette délicieuse pitance qui rend de mauvaise humeur un soldat digne de ce nom. Moi j’ai déjà mangé donc tout est à toi… Si j’avais su j’aurais fait un gâteau de retrouvailles…

<< Mauvaise humeur et constiper, tu veux dire. Souviens de ce qu'à ça a provoqué à l'estomac de Walter. >> Fis-je en esquissant un léger sourire. Que sont devenus les gens de nos anciennes unités. De toutes ces personnes qu'on connaît et qu'on a croisé quelques fois. Je passe une main dans les cheveux. C'est souvent le cas quand quelque chose me dérangeait ou me gênait. Dans ce cas précis, c'est l'inconnu de toutes ces réponses qui me hantent. Mais tant que Bruce est là, je sais que ça ira bien. Je pouvais respecter à nouveau ma promesse faite à Zayna. Même s'il était devenu un brin fou, je pouvais m'occuper de lui. Ce ne serait pas la première fois, n'est-ce pas ? << Tu parles, c'est dur de trouver un éclair au chocolat. >> Fis-je en prenant la ration qu'il me tend et que je commence à manger doucement. Cela me fait un bien fou de savoir que mon estomac allait être doucement rempli d'autre chose que des barres de céréales ou d'eau de pluie récupéré.

Je lève les yeux et remarque immédiatement l'homme que j'ai toujours connu. Celui que Bruce a dû s'efforcer avec violence à dissimuler pour ne pas sombrer dans sa tristesse. J'ai fait mouche en laissant mes paroles se faire les unes après les autres. Je tiens à Bruce parce qu'il est la famille qu'il me reste. J'ai une dette de vie envers lui et je ne veux pas qu'il dépérisse ou ne continue à jouer les fous. J'aimerais avoir le pouvoir de le soigner. Mais j'ignore comment. Je dépose la ration au sol pour m'approcher de lui tandis qu'il enfouit sa tête dans ces mains. D'un geste doux, je pose ma main sur son épaule.

- Tu crois pourquoi je t’ai demandé de me laisser faire le guignol de par le monde? Zayna m’avait demandé aussi de te protéger… et comme je venais de tout perdre je ne voulais pas être la cause de perdre la dernière personne à qui je tiens sur cette putain de planète de mon cul.

Je n'ai jamais pleuré devant qui que ce soit ou que très rarement. Mais avec Bruce, impossible de retenir les quelques larmes qui me viennent lorsque j'imagine Zayna lui faire cette demande. << Toujours à vouloir s'occuper de nous, hein. >> J'ai tout de suite aimé cette femme plus encore quand j'ai su avec quelle dévotion, elle s'est occupée de ma mère. << Tu t'es demandé un peu ce que je serais devenue si tu te serais fait tuer ? J'ai pas pu rester dans mon coin en sachant ce que tu voulais faire. J'ai agi parce que t'es important pour moi, Bruce. Putain merde ! Tu pensais que j'allais rester de marbre. Te dire que je comprenais ? Bin non, je t'ai gueulé dessus parce que je voulais pas que tu me laisses de côté. Et qu'est-ce, tu vas faire maintenant ? Me laisser de côté ? >> Je le laisse fouiller parce que je sais qu'il en a besoin. C'est comme vider son esprit trop encombré par tous les souvenirs qui lui retombent dessus.

- Je ne sais pas pourquoi j’ai toutes ces femmes de merdes comme tu dis… Moi c’est juste des visages qui s’efface trop vite. J’essaie juste de retrouver la chaleur d’un cœur, la magie d’un sourire… J’ai juste trouvé de la sueur et plein de sécrétions dans les draps. Je m’ennuie de juste dormir en cuillère avec ma femme, de me faire réveiller par mes filles. Si je ne serais pas un sexy motherfucker au corps d’apollon et avec un immense Brucie Jr je n’aurai pas de réconfort minute à part la branlette…. Et même là je commence avoir les poignets trop musclés.

<< T'aurais pu venir me parler. Cela t'aurait empêché de choisir des thons parce que franchement, t'aurais largement pu ouvrir un restaurant avec pour spécialité des fruits de mer. >> Je sais qu'on me croit attiré par les femmes, mais pour Bruce, j'aurais pu être plus. Quelqu'un avec qui il peut coucher pour combler son ennui et son manque. Avec lui, j'aurais pu réussir. Mais je le laisse croire que venir vers moi à ce moment-là aurait été juste pour parler ou bien le fait de lui présenter des femmes un peu mieux que ce qu'il a trouvé. Lorsqu'il donne un coup-de-poing à la caisse, je sursaute et vais vers lui. J'ai toujours autant de mal avec le fait qu'il ne ressente aucune douleur. Même lui ça le surprend de trouver un carreau d'arbalète dans sa main. Bordel, ça fout quoi ça ici ! Je n'ai pas le temps de faire quoi que ce soit que le voilà déjà à se soigner.

- Je me doutais que c’était toi pour les tirs qui m’ont sauvé les miches et l’intel… Qui d’autres auraient voulu aider un type qui se prenait pour le Punisher, Daredevil et tous les superhéros en même temps et qui s’amusait à rentrer tête première pour affronter les cartels avec le sentiment qu’aujourd’hui ce serait un jour parfait pour rejoindre sa famille et mourir de manière totalement comique et héroïque?

<< Qu'est-ce que j'aurais pu faire d'autres ? Je sais que t'avais besoin de moi-même si t'as affirmé le contraire. Alors, je t'ai suivi pour veiller sur toi. Je tiens beaucoup à toi, tu le sais bien Bruce. >>

- Je ne voulais pas de perdre… Tu es ma famille… Une personne que j’aime plus que ma foutue vie… Pour cela que je ne voulais pas que tu te pointe dans mon délire à la con et que je te perde aussi… Tu as été mon espoir tout ce temps. Que si je pouvais m’en sortir que je pourrais te revoir et m’excuser de mes conneries à la puissance mille…

Je m'approche passant une main dans ces cheveux et pose mon front contre le sien pour le rassurer. << Oui, je sais. Mais je m'y suis invitée qu'en même. J'avais aussi une vendetta à mener. Zayna et les filles étaient et resteront à jamais importantes pour moi. >> Je le laisse prendre ma main et esquisse un sourire. Je me souviens de la première fois où il m'a pris la main. C'était ce soir où j'ai vendu ma virginité et qu'il était bien tard pour une fille de mon âge de sortir dehors. Il a été tellement gentil avec moi alors que je suis restée sur mes gardes durant un très long moment.

- Je m’excuse pour la dispute… Je crois que ça nous a fait vachement mal à tous les deux. Maintenant on reste ensemble pour en foutre sur les gueules des Michael Jackson et pour se trouver un endroit pour pouvoir vivre un peu normalement?

<< Je sais, Bruce. T'as pas besoin de t'excuser. C'est moi qui ne t'aie pas facilité la tache. >> Je serre doucement sa main et émet un léger rire. << Compte pas trop sur moi pour danser Thriller. Mais on trouvera un endroit où on pourra vivre tranquillement. Autant qu'on le peut. >>

- Je te laisse mon Garand pour que tu snipe et moi je prends l’arbalète si ça te branche? Je pourrais me pratiquer et te gagner un nounours à la fête foraine!

Je ris sans pouvoir m'en empêcher surtout avec les mimiques qu'il prend. << Si tu veux oui. Jouer les snipers, c'est quelque chose que je sais très bien faire. >> J'essuie les quelques larmes qui coulent encore sur mes joues. << En tout cas, s'il te plaît, ne me laisse plus de côté comme ça. Sinon pourquoi je continuerais à vivre si personne ne veut de moi. >>

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