Mensonges et autres petites cachotteries... ft. Sarah Wilson & James Hargreaves
Nate Keller
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Age : 31
Localisation : Quelque part au Mexique
Dim 4 Oct - 20:12
Mensonges et autres petites cachotteries...
ft. Sarah Wilson & James Hargreaves
Un peu moins de quatre mois venaient de s’écouler. Serein, apaisé, l’esprit léger, la fossette qui avait prit place sur le bord de ses lèvres était sincère, en parfaite symbiose avec ses émotions intérieures. Cela faisait des années que Nate n’avait pas ressentit ce calme et cette paix, mais ça, il n’en n’avait pas conscience.
À son réveil, il avait peiné à ouvrir les yeux et lorsque se fut le cas, la pièce dans laquelle il se trouvait lui était totalement étrangère tout comme la personne à ses côtés. Alors qu’il était encore ensuqué et légèrement vaseux, il avait essayé de trouver une réponse aux questions que la jeune femme qui était assise sur le matelas, à seulement quelques centimètres de lui, venait de lui poser. Son prénom ? Aucune idée. Pas plus d’information quant à son âge, d’où il venait ou ce qu’il fabriquait dans le coin. Sa mémoire était vide, le néant total. Comment était-il arrivé là ? Pourquoi avait-il mal absolument partout et qui l’avait mit dans un tel état ? Il ne disposait d’aucune réponse. Devant ses yeux perdus, la femme qui se trouvait là depuis qu’il s’était réveillé lui donna quelques explications tout en lui souriant tendrement. « Je t’ai trouvé inconscient il y a trois jours, tu étais mal en point et totalement seul alors je t’ai ramené ici. Reste calme ! Tu as des côtes et le bras cassés. Il te faut du repos. » Il avait essayé de se redresser afin de se lever, il ressentait le besoin de marcher, de prendre l’air et de faire le point. Cependant, à peine avait-il amorcé un mouvement, qu’une douleur lancinante l’avait saisie et qu’il avait été obligé de se rallonger. La douce fraîcheur d’une paume était venue se déposer sur sa joue et ce sont les yeux embués tant par la douleur que par la peur qu’il avait prononcé ses premiers mots. « Qui je suis ? »
Il avait passé les jours et les semaines suivants à se remettre sur pied, sa sauveuse avait pansé ses plaies et l’enguirlandait à chaque fois qu’il mettait trop d’entrain à son rétablissement. Sa mémoire n’était pas revenue, mais de toute évidence, il était un jeune homme têtu et plein d’énergie, il ne supportait plus d’être au repos et il voulait participer aux tâches, prendre sa part de travail et aider à son tour celle qui venait de lui apporter tant de soutien et de lui offrir toute l’aide dont il avait eu besoin. Les deux compères avaient passé de longues heures à discuter, elle lui avait appris ce qui se passait à l’extérieur, la pandémie, les morts qui ne l’étaient pas vraiment tout en l’étant quand même, elle lui avait raconté les pertes auxquelles elle avait dû faire face et un soir, alors qu’il lui faisait comme souvent la lecture, elle s’était retourné vers lui, avait plongé ses grands yeux bleus au fond des siens et elle lui avait retiré le bouquin d’entre les mains. « Je suis contente que tu sois là. », elle avait hésité un instant, se mordant la lèvre inférieure, « J’aimerai pouvoir t’aider à retrouver la mémoire, mais j’ai aussi envie de te garder pour moi. » Il n’avait rien trouvé à répondre, sentant son cœur s’emballer alors qu’elle avait posé ses lèvres sur les siennes. Nate ressentait un sentiment étrange, un mélange entre de la joie, de la quiétude et une certaine forme de pudeur. C’est qu’il avait oublié comment s’y prendre avec la gente féminine, et ses mains se faisaient tremblantes alors que la jeune femme les lui déposaient sur sa poitrine, l’encourageant à aller plus loin. Il s’était laissé aller à la délicatesse du moment, avait plongé au creux de cette douceur qui lui semblait avoir déjà connu, mais qui pourtant, à l’heure actuelle était totalement nouveau pour lui. Chaque nouvelle journée était une aventure, il apprenait à travailler la terre, à s’occuper les mains et il fut surpris de découvrir qu’il avait un don avec les plantes, quand il avait vu sortir de terre son premier légume, il avait couru vers la propriétaire des lieux, lui avait attrapé la main pour l’entraîner à toute vitesse vers le fruit de son dur labeur. « T’as vu ? Regarde ! Ça pousse ! » Il avait saisi ses hanches et l’avait fait tournoyer dans les airs en riant, on pouvait voir sur son visage une innocence que même ses parents ne lui avait jamais vu, une joie enfantine, comme un môme le jour de Noël. L’image était touchante, Nate était heureux et sans savoir pourquoi, cette état de joie le rendait presque un peu nauséeux, comme si son corps et son esprit n’avait pas pour habitude de ressentir ces sentiments de calme et de bonheur simple. Il se sentait léger, s’interrogeant de temps en temps sur ce qu’était sa vie avant, avait-il de la famille qui le cherchait ? Des amis qui s’inquiétaient ou une femme qui l’attendait ? Mais alors qu’il posait ses yeux sur ce sourire qui lui avait donné la chance de survivre, il oubliait automatiquement ses interrogations et fondait sur cette bouche appétissante qu’il prenait plaisir à dévorer encore et encore.
Nate s’était réveillé en sursaut, la lune était haute dans le ciel et la fraîcheur de la nuit se faisait sentir lorsqu’il quittait le lit pour se rendre à l’extérieur. Regardant les étoiles scintillantes alors que de la chair de poule venait parsemer la peau de ses bras nus, il avait finalement baissé les yeux sur le plan de tomate qui l’avait rendu si euphorique quelque temps plus tôt et à côté duquel il venait de s’asseoir. Un sourire crispé était venu se greffer sur son visage et son poing s’était serré alors qu’une vague de colère envahissait son être. Il s’était relevé, le regard toujours fixé sur la plante qui avait bien poussé puis, il avait laissé s’abattre la soudaine haine qui avait pris place dans son ventre et qui inondait ses veines. Il lui avait fallu seulement quelques minutes pour détruire et mettre à sac l’intégralité du jardin dans lequel il avait mis tellement de cœur et d’acharnement. Les fruits et légumes jonchaient désormais au sol tandis qu’il piétinait avec force les fleurs multicolores qui tapissaient la terre, offrant jadis un air enchanteur à l’endroit. Essoufflé, il repensait au rêve qu’il venait de faire et qui avait éveillé en lui des instincts enfouis depuis maintenant quelques mois. Plus les minutes passaient et plus ses souvenirs devenaient clairs, son passé s’éclairait à lui, aussi sombre et effrayant qu’une tempête en plein hiver. Le visage de ses parents était net, l’amour qu’il avait reçu de leur part lui semblait irradier encore son cœur tandis qu’il voyait les images de son adolescence et de ses années universitaires défiler devant ses yeux. James, son meilleur ami, avait l’air si réel et Sarah, la si jolie Sarah lui donnait l’impression d’avoir été aimé comme jamais il n’aurai pu l’être. Alors pourquoi ressentait-il cette colère gronder au fond de lui ?
Quatre mois et un jour venaient de s’écouler. Tendu, inquiet, perdu, furieux, des flammes de colère dansaient au fond de ses yeux, représentant parfaitement le tumulte qui se passait au fond de son être. Cela faisait des mois qu’il n’avait pas été dans cet état, mais aveuglé par ses souvenirs retrouvés, il n’avait plus rien à faire des dernières semaines, plus qu’une seule chose comptait : son ami avait choisi la fille ? Ok. Il avait choisi aussi, et personne ne régenterait jamais sa vie.
Aujourd’hui – Sur une plage
Deux mois avaient passé, mais lorsqu’il repensait au soir où sa mémoire lui était revenu, il ressentait toujours un petit pincement au fond de la poitrine. La vie s’amusait avec lui, l’emmenant sur des montagnes russes émotionnelles, parfois, il ne savait plus où donner de la tête, sa vie passée se mélangeait avec son présent et son futur lui semblait être un foutoir sans nom. Il avait connu pendant quelques mois un certain apaisement, une légèreté qui à présent avait foutu le camp. Il avait tout envoyé valdinguer, il avait hurlé pour la première fois depuis longtemps et l’ensemble de ses muscles s’étaient tendu jusqu’à lui faire un mal de chien et puis, il était parti, sans se retourner, emportant simplement de quoi se défendre, ou attaquer. Avec pour seule compagnie la haine qu’il ressentait, le dégoût de la trahison comme seule saveur et la répulsion de l’être humain pour unique accompagnatrice, il avait ruminé tout en recherchant frénétiquement celui qu’il avait à une époque considéré comme son frère.
Après des centaines de kilomètres parcourus, des rencontres puantes et putrides ainsi que d’autres intéressantes bien qu’un brin morbides pour certaines, il était là, sur cette plage, à observer une maison. Pas n’importe laquelle, celle où ils avaient trouvé refuge. Les mètres qui le séparaient de la porte d’entrée lui semblaient interminables, il hésitait entre faire une arrivée fracassante ou mettre en œuvre le plan qu’il avait imaginé durant ses longues soirées en solitaire. Il avait appris à se ré-habituer à son vrai lui, se laissant submerger par son désir de vengeance sans écouter la petite voix qui lui disait de prendre en compte les sentiments de James. Clairement, il n’en avait rien à cirer, après tout, son « ami », n’avait pas hésité à le balancer entre les griffes des balafrés, l’abandonnant à une mort certaine, alors la demie-mesure ou la compréhension ne faisait absolument pas partie de son projet. Une silhouette au bord de l’eau avait attiré son attention. Un sourire satisfait était venu orner ses lèvres et ses yeux s’étaient plissés afin de s’assurer qu’aucune erreur n’allait être commise. Non, il en était sûr, son meilleur ami se tenait là, dos à lui, les pieds dans l’eau. Nate avait retiré ses chaussures, les laissant sur le perron qu’il avait finalement atteint avant d’apercevoir le brun au loin. Il s’était approché sans bruit, le sable était frais sous sa voûte plantaire et la brise lui fouettait le visage, mais ce cadre idyllique ne parvenait pas à lui faire oublier qu’il n’avait qu’une seule envie : attraper la nuque de l’homme pour qui il avait eu tant de respect et lui plonger la tête dans les vagues pour la maintenir sous l’eau aussi longtemps que nécessaire. Il lâcherait prise uniquement lorsque le corps n’aurait plus le moindre soubresaut et qu’il pourrait le regarder venir s’échouer sur la plage, sans vie. Cependant, bien que cette option le remplissait de joie, elle lui semblait bien trop simple, une mort beaucoup trop facile et certainement pas à la hauteur des pêchers commis. Il préférait voir la peur dans le regard de celui qui avait partagé les moments les plus incroyables de sa vie avant de regarder la lueur de vie s’éteindre de ses yeux.
« James ? C’est bien toi ? », sa voix était tremblante, peu assurée alors qu’en réalité, une détermination sans faille avait pris place dans son cerveau. Il avait regardé son ancien ami se retourner et lui avait sourit de plus belle. « Ça fait des mois que je vous cherche. », Nate avait fait quelques pas supplémentaires puis, sa paume était venu se déposer sur son épaule avant de le prendre dans ses bras. Il avait frissonné de dégoût, mais avait conservé en façade un sourire radieux alors qu’il éloignait son corps de celui qu’il était en train d’étreindre. « Bon sang mec, j’ai cru que je ne vous retrouvais jamais ! Où est Sarah ? Allez, dis-le moi, elle ne peut pas être bien loin ! », son ton était enthousiaste et il parcourait la plage des yeux, elle était forcément dans le coin, James n’aurai pas abandonné la greluche pour laquelle il n’avait pas hésité à envoyer son meilleur ami à la mort. « Je veux absolument la voir avant que vous m’expliquiez comment on s’est retrouvé séparé. », il avait hâte d’entendre les explications foireuses que les deux allaient lui sortir. Mais en attendant, il tenait son rôle, la joie irradiait par tous les pores de sa peau, ses pupilles brillait d’un éclat particulier alors qu’intérieurement, il était en train de bouillir de rage. Son expérience d’amnésie allait lui servir, lui permettre de jouer la comédie à la perfection et d’avoir un fond de vérité dans l’histoire qu’il avait inventé. Prenez note, c’est comme cela qu’on fait les meilleurs mensonges, il faut toujours glisser du vrai, un support sur lequel on peut se rattraper, prendre appui pour ne pas perdre pied. Et puis de toute façon, Nate avait toujours eu un don particulier pour raconter des histoires.
Dernière édition par Nate Keller le Sam 31 Oct - 14:37, édité 1 fois
James Hargreaves
Travailleur
Messages : 119
Localisation : Les plages de Cancun
Lun 12 Oct - 13:40
Mensonges et autres petites cachoteries
Sarah, Nate et James
Quelques fois, James rêvait encore de ce jour. Ce jour où il avait dû faire un choix entre Nate et Sarah. Il avait tellement espéré ne jamais devoir décider entre les deux, lui se serait toujours sacrifié pour l’un comme pour l’autre mais visiblement cette façon de faire n’était pas au goût de tous. Il se souvenait encore des mots de Nate lorsqu’ils avaient été encerclé … « La seule option pour survivre c’est de laisser Sarah derrière nous. Ils seront retardés, et au moins on pourra se barrer fissa par derrière. » La goutte d’eau qui avait fait débordé le vase ce jour là. Ce n’était pas la première fois que Nate s’avançait à dire des choses du genre … lorsqu’ils avaient eu l’accident avec la Camaro, son meilleur ami avait clairement dit qu’il se fichait de l’état de Sarah, que les rodeurs arrivaient et qu’il devait l’aider même si pour cela ils devaient délaisser la jeune femme. Ce jour là, encerclé, la lumière s’était allumée dans l’esprit de James : Nate allait tous les trahir pour se sauver lui. Il aurait été capable de pousser James en avant pour ne pas se faire avoir lui. Après tout, lorsque James lui avait fait part de son envie d’arrêter à l’époque Nate lui avait juste rétorquait quelques mots : « Tu continues James, sinon je te balance aux flics. Tant que je n’ai pas le million pour me barrer loin de cette vie de merde, tu fermeras ta gueule et tu continueras. » Et Sarah dans cette affaire ? Lorsque le brun en avait parlé, il s’était heurté à un rire et à un air narquois. « C’est vrai que tu l’as toujours kiffé …. Elle sera à toi, avec tous les millions, tu ne crois pas que je vais m’empêcher de vivre pour une nana. » Depuis fort longtemps l’amitié entre James et Nate était brisée, depuis fort longtemps James avait perdu confiance en son ami d’enfance, voilà pourquoi il était devenu simple pour lui de faire le choix de sauver Sarah des rodeurs plutôt que Nate.
Six mois s’étaient passés, et pourtant James se souvenait de tout, il en rêvait parfois, se réveillant en sueur comme ce matin là. Le temps faisait son œuvre, avec Sarah ils s’étaient rapprochés, et à présent ils avaient arrêté leur course à Cancun, coupant le moteur de la Mustang qui avait remplacé la Camaro. Il avait embrassé le front de la jeune femme, puis avait mis un short de bain délavé, le temps n’était plus aux défilés de modes de toute manière. Accroché à sa cuisse droite il avait mis un révolver, autour de sa cuisse gauche un couteau pour les combats rapprochés. Un tee-shirt blanc, et voilà que James avait quitté la maison où il vivait avec Sarah depuis quelques semaines, entamant quelques enjambées, quelques foulées, sans trop s’éloigner de là où se trouvait la femme qu’il aimait. Ses pieds soulevaient un peu de sable, il pensait à Nate comme à chaque fois qu’il rêvait de lui, mais aussi à ses parents, aux nouvelles qu’il n’avait pas encore. La dernière fois, ils étaient au niveau de la Colombie, et selon ses calculs d’ici quelques jours, si tout s’était bien passé, les Hargreaves devraient être réuni. Ils s’étaient donnés un endroit de rendez-vous, un endroit où James passait tous les jours, mais pour le moment rien.
Alors il courrait, se changeant les idées, allongeant les kilomètres de courses au bord de l’eau. Il allait terminer lorsqu’une voix le surpris. Perdu dans ses pensées, il n’avait pas vu une personne se rapprocher de lui, et lorsqu’il se tourna, James fit quelques pas en arrière de surprise, l’eau des vagues lui montant jusqu’aux mollets. « Nate ? » La surprise ne pouvait pas être feinte, instinctivement sa main s’était portée sur sa cuisse droite alors que son regard cherchait la maison, comme pour s’assurer que Sarah allait bien. « Mais … qu’est ce que tu fais ici ? » Il était pourtant mort ! Il l’avait vu être prit par les rodeurs … ne comprenant pas la situation, il avait senti Nate le prendre dans ses bras, restant interdit en l’écoutant reprendre la parole. « Que … quoi ? Sarah ? Elle … elle va bien. » James fronça légèrement les sourcils, ne comprenant pas ce qui se passait. Il observa une nouvelle fois la maison, avant de regarder Nate, ce dernier ne semblait pas se souvenir qu’il avait voulu envoyer son ancienne petite amie à l’abattoir. « Comment as-tu fait pour t’en sortir ? On t’a vu mourir, on t’a vu te faire prendre par les macchabés. » James marchait à reculons, mettant un peu de distance avec celui qui avait été autrefois son meilleur ami mais qui les avait trahi. Pourtant en le voyant ainsi, il avait l’impression de retrouver son ami d’enfance, loin de ses envies de départs ou de ses pulsions égoistes.
Depuis le perron de la maison, il suivait des yeux son vieil ami qui courrait sur la plage se demandant comment celui-ci allait réagir en le voyant débarquer comme une fleur. Peut-être qu’au fond de lui, il espérait que James s’emporte. Il avait envie de voir la stupeur mélangée à la colère sur son visage, mais surtout, il apprécierait particulièrement que ce soit son ancien camarade qui lance les hostilités. Cette option lui laisserait tout le loisir de répliquer et d’exprimer la rancœur qu’il pouvait ressentir sans pour autant avoir le mauvais rôle. Quoi ? On l'attaque, il réplique, voilà tout. Les images défilaient dans sa tête, comme si le film avait déjà eu lieu tandis qu’il sentait presque la douleur qui émanerait de ses phalanges si son poing se retrouvait propulsé contre la joue de celui qu’il avait longtemps considéré comme un frère. Il avait cette folle envie de le voir souffrir, mais pour Nate, la vengeance était un plat qui se mange froid, glacé, totalement congelé. Rien ne valait la surprise d’un coup fait en douce et il comptait bien faire en sorte que son pote regrette amèrement son geste.
Il avait abandonné chaussures et sac sur le pas de la porte, se contentant de conserver sur lui, bien à l’abri dans son holster, le pistolet semi-automatique qui ne le quittait jamais. Après tout, le nouveau monde dans lequel il s’était réveillé lui avait rapidement parut des plus hostiles, et les rencontres qu’il avait faites entre son départ de la charmante petite chaumière où il avait fait sa convalescence et cette plage lui avaient fait comprendre qu’il ne devait jamais baisser la garde. La mort guettait via les décharnés, mais en réalité, Nate avait pu voir de ses propres yeux que les êtres humains encore capable de respirer étaient bien pire.
Nate avait attendu de sentir la fraîcheur de l’eau atteindre ses orteils avant d’interpeller le brun qui lui tournait le dos, et alors que ce dernier se retournait tout en ayant un mouvement de recul sous la surprise, il fut obligé de se pincer les lèvres l’une contre l’autre pour ne pas laisser un sourire satisfait apparaître. Il était fier de son effet et ne fut aucunement surpris de voir son ancien ami porté la main à son arme; voir surgir un mort aussi frais qu’un gardon en dérouterait sans doute plus d’un, surtout au vu des événements récents. Il se délectait de voir la non-réaction de celui qui l’avait allègrement trahi, James semblait perdu et totalement abasourdi alors que les deux amis se retrouvaient l’un contre l’autre, les bras de Nate entourant les épaules de James dans une étreinte à la fois virile et enthousiaste. Son jeu d’acteur l’étonnait lui-même, on ne pouvait voir aucune animosité sur son visage et ses traits étaient aussi détendu que possible alors qu’une risette qui semblait plus que sincère ne quittait pas sa bouche. Dans un geste feint de soulagement, sa main droite était venu se poser sur sa poitrine, à l’endroit même ou l’on pouvait bel et bien sentir son cœur battre alors qu’il entendit que sa petite amie allait bien. Oui oui, sa petite amie, parce que maintenant qu’il était de nouveau parmi eux, il était évident qu’il allait reprendre la place qui était la sienne avant « l’accident », les choses allaient pouvoir reprendre le cours qu’elles n’auraient jamais dû quitter. Du moins, il ferait en sorte que la fille lui revienne, ne serai-ce que pour voir la mine déconfite de James lorsqu’il comprendrait que, avec lui dans les environs, il n’obtiendrait jamais les faveurs de la jolie Sarah. Toute cette histoire ne tenait qu’à ça, aux beaux yeux de cette nana. James avait eu le béguin pour elle à l’instant même où il avait croisé son regard alors que Nate, lui ne faisait que s’amuser avec elle. Au fil des mois, l’amusement avait laissé place à quelque chose d’autre, bien qu’il ne l’avouerait jamais, elle avait, durant un court laps de temps, réussi à apaiser l’éternelle colère qui grondait au fond de son ventre. C’est pour cela qu’il ne l’avait pas jeté aussi rapidement que toutes les autres, et aussi, avouons-le, parce qu’il appréciait particulièrement la capacité de la jeune femme à n’avoir d’yeux que pour lui.
Il avait penché la tête sur le côté tout en ne lâchant pas le regard du brun qui lui faisait face. La question qui venait d’être posée lui donnait envie d’exploser de rire, mais clairement, il devait conserver son sérieux, il ne pouvait pas se permettre la moindre fantaisie. Il n’arrivait pas à savoir si son ancien ami était plus choqué, énervé, dépité ou inquiet à l’idée de le retrouver alors qu’il le regardait s’éloigner à reculons. Il semblait se méfier de lui alors que Nate n’avait jamais eu l’intention de le laisser pour mort, contrairement à lui... « James, tu n’as pas à avoir peur. C’est vraiment moi, en chair et os. Je ne suis pas en train de pourrir ou de me décharner. », il avait levé les mains, les éloignant de l’arme qui se trouvait à sa ceinture, il espérait ainsi montrer qu’il n’était ni un mort revenu pour le tuer, ni un vivant venu pour le… tuer. « Je ne peux pas te dire… C’est assez flou et… et je ne me souviens pas de grand-chose. », Nate regardait désormais ses pieds, admirant les ondulations de l’eau qui déformaient ces derniers. Sur son visage, on pouvait lire le doute, l’anxiété d’un passé vaporeux, il avait gardé en mémoire cet air qui ne l’avait pas quitté pendant quatre mois et il le ressortait aujourd’hui sans aucun problème. « Je revois des flammes, mais je me souviens surtout de la douleur que j’ai ressenti en me réveillant et de la peur que j’ai eu en ne vous trouvant pas près de moi. Il m’a fallut plusieurs jour pour me persuader que vous étiez vivant, je l’aurai senti si ça avait été le contraire. ». Il avait rejoint le sable chaud, tenant son bras gauche qui avait été blessé dans la bataille et qui portait une belle preuve du combat qu’il avait mené, la cicatrice était fine malgré le faite qu’elle n’ai absolument pas été soignée dans les règles de l’art, partant de son épaule, zigzaguant légèrement pour barrer son coude et tirer tout droit jusqu’à son poignet. Elle n’était visible que sur l’intérieur de son bras, elle était le symbole d’une amitié perdue et d’une relation vieille de dizaine d’années bousillée, envoyée valdinguer sans scrupule. Lorsque son doigt effleura la boursoufflure encore un peu douloureuse, il ouvrit la bouche afin de demander des explications à James. Il ferait mine de ne pas se rappeler des mois précédents leurs séparations, il avait prévu de pousser l’amnésie à avant leur première dispute concernant Sarah. Il se souviendrait avoir sillonné le pays à la recherche de banques intéressantes à braquer, le souvenir de leurs folles expéditions dans des hôtels de luxe et leurs fous-rire seraient toujours présent, mais son cerveau ne contiendrait que des flashs des moments suivants. Il ne lui faudrait pas faire trop d’effort, après tout, il lui manquait encore certains passages de sa vie alors que sa mémoire lui jouait par moments des tours de passe-passe en lui envoyant des images succinctes. Mais aucun son n’avait eu le temps de franchir ses lèvres qu’il fût surprit par le bruit d’une porte claquant contre son chambranle et par la mélodie d’une voix hurlant dans son dos.
« Oui … oui c’est toi. » Et justement c’était ce fait là qui était inquiétant. C’était Nate, son ami d’enfance, celui qui depuis des années le manipulait et manipulait tout son entourage. James. Sarah. Laura. Les parents Hargreaves. Qui d’autres ? Tous leurs amis assurément, et James avait vu son vrai visage alors qu’ils faisaient encore des braquages, lorsque Nate l’avait menacé de le balancer aux flics s’il ne continuait pas les braquages en compagnie de Sarah et de lui-même. Le brun était méfiant tout en observant le jeune homme en face de lui, s’affichant avec un grand sourire comme si rien ne s’était passé entre eux alors que James savait très bien que Nate avait été conscient que son ami avait fait le choix de sauver Sarah lorsque la situation n’avait plus été possible. Non, il ne pouvait pas ne pas être au courant, il ne pouvait pas ne pas s’en douter, le regard que Nate lui avait lancé ce jour là était encore ancré dans la tête du brun, alors son reflexe de porter sa main à son arme avait été naturel et même légitime tandis que Nate était venu le prendre dans ses bras, laissant Hargreaves pantois et interdit. « Tu ne te souviens de rien ? Nate … tu … » Mais son ancien ami avait reprit la parole, et James gardait ses sourcils légèrement froncés sans vraiment tout comprendre. Pourquoi donc avait il cherché à les retrouver ? Il avait voulu les sacrifier pour sa propre vie, il savait que James était au courant, et il revenait la bouche en cœur ? A quoi bon si ce n’est pour se venger ? C’était cette impression là qui faisait reculer James, voulant attirer Nate vers lui pour l’éloigner du plus possible de la maison om se trouvait Sarah. Pire encore que Campbell et ses Scabreux, il y avait l’homme en face de lui !
Pourtant, le blond observait ses pieds, comme tiraillé par ses idées, tiraillé par ses souvenirs, rappelant qu’il ne voyait que des flammes, de la douleur, le sentiment de peur en s’apercevant que James et Sarah n’étaient plus avec lui à son réveil. « Qui t’a recousu ? Tu as fais quoi pendant tout ce temps ? » La première question avait été posé en montrant le bras d’un signe du menton, la seconde en le regardant, sans savoir s’il devait encore se méfier de lui ou bien lever les doutes qui étaient dans son esprit. James avait milles et une question à poser, il ne voulait pas que Sarah soit présente, il voulait s’assurer des bonnes intentions de Nate. Hargreaves avait apprit à se méfier des gens, surtout depuis les rencontres avec les Scabreux. Campbell lui avait montré le mauvais côté des survivants, Nate allait il suivre ? James allait proposer quelques pas sur la plage, lorsqu’un cri se fit derrière le blond, et en levant les yeux en direction de la maison, il vit Sarah arriver dans leur direction. « Sarah … » Il avait envie de lui dire d’attendre, mais il n’avait pas le temps, sa main se posa seulement sur son arme alors que ses dents se serraient.
Dieu que la situation était à la fois amusante, pittoresque et agaçante. Si Nate se retenait d’exploser de rire face au regard un brin ahuris de ce qu’il avait un jour pu considérer comme un membre de sa famille, la question saupoudrée d’amertume et de méfiance que venait de lui poser James avait l’espace d’un instant réveillée la colère qu’il avait ressentit lorsque son souvenir de cette triste journée de trahison avait surgi dans son crâne. Serait-ce mentir que de dire que la rage qui courrait dans ses veines ne l’avait jamais quitter depuis lors ? Pas tout à fait. Le seul moment où il s’était senti un soupçon moins rancunier avait été durant son court séjour chez les Mitans, là-bas il avait trouvé un soutient qu’il n’aurait pas imaginé et il avait peut-être mis de côté l’espace d’une fraction de seconde cette animosité qui le rongeait de l’intérieur. Côtoyer des personnes qui lui ressemblaient lui avait fait le plus grand bien, et un léger sourire avait étiré la commissure de ses lèvres lorsqu’une certaine emmerdeuse brune au caractère bien trempé lui avait traversé l’esprit.
« Ce que j’ai fait ? J’ai tenté de survivre... », la question était stupide, qu’est-ce qu’il s’imaginait ? Qu’il avait dansé la polka pendant six mois avec une bande de rôdeurs en tutus rose fuchsia ? Un air triste collé au visage il avait fait un pas en avant puis avait stoppé tout mouvement en voyant James reculer, son but était de le mettre en confiance, de lui faire comprendre qu’il n’avait aucun souvenir du dramatique accident dont il avait été la victime et donc qu’il n’était absolument pas ici pour une quelconque vengeance mais bien pour reprendre le court de sa vie là où elle s’était arrêtée, auprès d’eux, de ses amis, de sa famille, des personnes qui comptent le plus pour lui. « A mon réveil, il y a avait une femme, c’est elle qui m’a soigné et qui m’a aidé à me remettre sur pied pendant quelques mois. », s’il voulait que le brun baisse la garde, ils devaient communiquer et Nate savait qu’il allait devoir montrer patte blanche et rien de mieux pour cela que de se livrer un peu. Il passerait sous silence la violence qui avait suivit ses flashs de mémoires ainsi que son départ mouvementé de la petite maisonnette, il se contenterait de raconter la gentillesse et la bienveillance de celle qui l’avait recueilli et du désir, non, du besoin impérieux qu’il avait ressentit de les retrouver, lui et Sarah, à l’instant même où leurs visages lui avaient sautés aux yeux.
Le jeune homme estimait néanmoins en avoir révélé suffisamment, il devait garder un peu de mystère, il raconterait la suite en présence de celle qui s’est immiscée entre les deux amis. Les mains toujours en évidences afin de faire comprendre à son vis-à-vis qu’il ne risquait rien, Nate avait entendu dans son dos une porte claquer et une voix familière s’élever dans les airs.
« Sarah... », il avait prononcé son prénom tout en se retournant doucement, son murmure se mêlant à celui de James et se noyant dans le bruit des vagues.
Il croisa le regard inquiet de son vieux pote, mais n’arrêta pas son mouvement et termina de faire volte-face. Nate avait hâte de revoir sa chère et tendre, la femme qui faisait battre son cœur et qui le comblait de bonheur, celle dont il était amoureux et qui lui avait terriblement manqué. C’est du moins l’expression qu’il affichait sur son visage, un mélange de joie, de soulagement qui se traduisait par un sourire attendrit et des yeux légèrement embués par l’émotion. Alors qu’il se retrouvait dos à James, ne voyant pas que ce dernier avait finalement remit sa main sur son arme et face à Sarah qui semblait éberluée, il avait déposé sa main sur sa poitrine, à l'endroit même où son cœur battait et était resté silencieux, jouant à la perfection le rôle du type émut et touché de revoir la personne qu’il aime. Elle n’avait pas changé. Elle était peut-être un peu plus mince que ce que sa tête lui avait montrée et les traits de son visage étaient tirés par la fatigue, mais en la revoyant, il se rappela instantanément pourquoi il l’avait choisi pour petite-amie. Elle était belle, d’une beauté naturelle à couper le souffle, ces yeux noisette et ce visage de poupée étaient du plus bel effet et cette manière qu’elle avait de le regarder... Il était ravi de la revoir, de mettre réellement un visage sur un nom, un visage net, précis et qui lui fit rejaillir encore de nouveaux souvenirs. Un soir de Noël avec son père, une après-midi pluvieuse passée sous un plaid au coin de la cheminée, une journée à se balader dans un parc et à s’offrir l’un à l’autre au milieu des fleurs des champs. Nate était chamboulé, sa respiration s’était accélérée et il avait du mal à respirer convenablement, la remontée de souvenirs lui faisait systématiquement le même effet, peut importe de quoi il s’agissait, cela le perturbait à chaque fois, le laissant presque haletant et blanc comme un linge.
Depuis que son regard s’était posé sur Sarah, il n’avait pas été en mesure de desserrer les dents, sa mâchoire était tout aussi crispée que ses poings et il ne se réveilla de sa torpeur qu'en voyant le corps de la jeune femme vaciller. Elle n’avait pas eu le temps de toucher le sol que Nate s’était précipité vers elle, mais il était trop éloigné et était arrivé alors qu’elle juchait déjà sur le sable.
« Sarah ! », par réflexe, il avait hurlé en courant vers elle avant de se jeter à genoux à ses côtés. Il ne faisait pas attention à ce qui se passait autour et rapidement, il avait glissé un bras dans le dos de la jeune femme et le second sous ses jambes avant de se relever et de se diriger naturellement vers la maison, tenant fermement le corps de Sarah contre le sien, laissant sa tête reposer au creux de son cou. Merde, contrairement à ce qu’il pensait, se pourrait-il qu’il tienne malgré tout encore à elle ? Balayant cette question de son esprit, il se martela que tout ceci n’était que du cinéma et qu’il était décidément un excellent acteur, peut-être aurait il du faire du théâtre au lieu de se contenter de poser sa prose, il était évident qu’il avait un certain talent de comédien.
« Bouge James ! Montre moi où je peux l’installer et apporte lui de l’eau fraîche ! », son ton était inquiet et sans appel. À la fois dur, tranchant et pourtant sa voix tremblait. Il n’avait pas quitté des yeux le visage de Sarah et lorsqu’il la déposa sur le canapé après que son vieil ami lui ait ouvert la porte et désigné le salon, il s’était assis à ses côtés et avait déposé sa paume sur son visage. Caressant doucement la joue de la jeune femme, il se mordit la lèvre inférieure, signe que son inquiétude était bien réelle avant de glisser ses doigts dans ses cheveux, se remémorant la douceur de ces derniers.
« Réveil-toi ma belle », il murmurait tout en surveillant du coin de l’œil le retour de James. Au fond il ne voulait qu’une seule chose, voir ces yeux noisette s’ouvrir pour revoir la stupeur s’y installer, voilà pourquoi ces paupières closes l’embêtaient autant. Il avait imaginé de nombreuses fois leurs retrouvailles, mais à aucun moment, il n’avait envisagé cette option, l’effet qu’il venait de produire lui donnait envie de sauter un peu partout, mais il se contenait, cela aurait fait mauvais genre... Lorsque Hargreaves était revenu en déposant un verre d’eau et une petite bassine à côté du canapé, ils s’étaient tout deux regardés et Nate l’avait remercié d’un hochement de tête, bizarrement, ils ne semblaient pas avoir besoin de parler pour se comprendre, comme à l’ancien temps, un regard suffisait.
Glissant l’une de ses mains dans celle de Sarah, il avait entrelacé leurs doigts tandis qu’il déposait un peu d’eau sur le visage de la demoiselle. Trempant ses phalanges dans la bassine d’eau froide, il humidifia les jolies lèvres de l’endormie à l’aide de son pouce.
« Tu pourrais trouver un gant, ou une serviette propre ? », il avait senti les doigts de Sarah serrer les siens, elle retrouvait ses esprits et allait ouvrir les yeux d’un instant à l’autre. Le brun souhaitait être en tête-à-tête avec elle, James ne pouvait pas faire partie de ce moment émouvant qu’ils s’apprêtaient à vivre. Les retrouvailles entre amoureux, le retour à la vie de l’être aimé, cet instant était le leur, celui où Sarah comprendrait qu’il n’était pas mort et qu’il avait tout fait pour la retrouver, celui où il allait sourire tendrement, où son regard allait se faire tendre et doux. Cela allait être des minutes qui leur étaient destinées, qu’ils devaient vivre à deux et non à trois, ils n’avaient pas besoin de quelqu’un pour tenir la chandelle, James était de trop et puis, Nate espérait bien qu’à son retour, la fille serait dans ses bras, rendant son meilleur ennemi vert de jalousie.
James n’était pas confiant en voyant Nate, tout ceci semblait presque irréel. Est-ce qu’il s’agissait là d’une hallucination ? Un cauchemar ? Son esprit qui lui jouait des tours parce qu’il pouvait se sentir coupable d’avoir abandonné son meilleur ami ? En même temps, Nate avait de nombreuses fois démontré qu’il ne pensait qu’à lui, il aurait pu laisser Sarah dans la voiture lorsqu’ils avaient eu l’accident et n’avait eu de cesse de répéter à James qu’une fois que l’argent serait réuni, il partirait loin d’eux, loin de tout pour profiter enfin de la vie. Le jeune homme avait toujours été égoiste, narcissique même, mais à l’époque Hargreaves ne s’en était pas rendu compte tout simplement, voulant voir la bonté qui existait chez les gens. Voulant se convaincre que c’était la vérité, sans savoir par exemple que Nate avait charmé Laura, la sœur de James, tout en étant en couple avec Sarah. Quel était son réel but alors en revenant sur cette plage ? Mis à part se venger, James ne voyait là aucune autre solution. Alors, il lui demandait ce qui avait pu se passer, qui l’avait aidé, et pourquoi il était seul alors que tout laissait penser qu’il avait eu besoin d’aide.
Il allait poser des questions sur cette femme, il allait le questionner encore, mais Sarah était arrivée, et malheureusement il n’avait pas eu le temps de lui dire d’attendre que Nate s’était déjà tourné vers elle, s’avançant tandis que la brune tombait au sol. La suite ? Il n’en croyait rien. Tout semblait faux, ce n’était pas réel, c’était impossible. Nate qui soulevait Sarah ? Il l’aurait laissé mourir pour sauver sa propre vie, il l’aurait laissé mourir par crainte de se faire juste rattraper par un rodeur, alors James ne lâche pas la crosse de son révolver. Le moindre mouvement suspect, et il lui aurait logé une balle dans la boite crânienne. Fallait-il le faire ? Sa main se serrait, et pourtant il l’avait accompagné jusque dans la maison où il vivait avec Sarah, il avait fait ce dont celle qu’il aimait avait besoin, observant Nate sans pour autant trop se rapprocher. Cette histoire était plus que louche, et il chercha un court instant une chose dans la pièce qui lui aurait fait penser qu’il était dans un mauvais rêve dans lequel il ne parvenait pas à se réveiller.
Pourtant … tout était normal. Trop normal … et il fit quelques pas en avant, prenant Nate par l’épaule pour le faire se lever. « Suis moi. » Le ton était sans équivoque, la poigne aussi, l’emmenant un peu plus loin pour le regarder droit dans les yeux. « La femme qui t’a aidé. Où est-elle ? Elle est là ? Est-ce qu’elle est venue avec toi Nate ? » Dans ce monde, il n’y avait plus le droit au doute, ils ne pouvaient plus se laisser berner par quelques mots, tout était bien trop dangereux. James refusait que Sarah puisse souffrir encore, leur rencontre avec Campbell leur avait fait assez de mal. « Comment tu nous as retrouvé ? On t’a vu tomber au milieu des rodeurs, on les a vu venir sur toi, qu’est ce qui t’a sauvé Nate ? » Il continuait instinctivement de tenir sa crosse, bien évidement qu’il se souvenait de tout, et il était persuadé qu’il en était de même pour son ancien meilleur ami.
James était méfiant, en témoignait sa main qui ne lâchait pas la crosse de son arme. Cependant, Nate faisait comme s’il n’avait rien remarqué, il n’allait pas lui donner raison alors que cela ne faisait même pas cinq minutes qu’ils étaient l’un en face de l’autre. Il avait répondu à la question de son ancien ami, lui donnant des bribes d’informations sur comment les derniers mois s’étaient écoulés, mais il était hors de question d’en raconter d’avantages, du moins, pas maintenant. Il n’avait pas bougé, conservant cette position qui pouvait le mettre en danger, les mains levées, il était à la merci d’un homme qui semblait bourré de rancœur à son égard. L'attitude de celui dont on se méfiait démontrait qu'il n'était pas un danger, qu'il venait en ami. C’était le monde à l’envers non ? Lequel des deux avaient laissé l’autre aux prises avec des bouffeurs de cervelles ? Qui avait abandonné qui ? Non, c’était bien pire que ça… Était-ce Nate qui avait littéralement poussé James vers une mort certaine ? Car même si ses souvenirs étaient encore un peu flous, il avait parfaitement conscience que l’enflure qui avait été prête à sacrifier l’autre pour les beaux yeux d’une fille était en face de lui, et non pas l'inverse. Alors, il était plutôt invraisemblable que la méfiance se trouve du côté d’Hargreaves, Nate n’avait fait que subir les décisions de celui qui se disait être son meilleur ami.
Leur conversation fut coupée par une voix que tous deux connaissaient très bien et lorsque les yeux de Nate avaient percuté ceux de Sarah, des dizaines de souvenirs étaient remontés à la surface, le laissant comme figé sur place, coupé du monde, la tête prête à exploser sous le flot d’informations. Pourtant, il avait réagi rapidement lorsque le corps de la demoiselle avait basculé en arrière, il s’était précipité vers elle avant que tout s’enchaîne très rapidement. Il l’avait prise dans ses bras, l’avait emmené à l’intérieur de la maison et il s’était perdu un instant à la contempler jusqu’à ce que son vieux pote lui demande de le suivre.
« Qu’est-ce qu’il y a James ? On ne devrait pas la laisser seule... », il avait tourné sa tête vers Sarah, elle allait se réveiller et il voulait être à ses côtés quand elle ouvrirait les yeux. Bien sûr qu’il avait un rôle à tenir, celui de l’homme inquiet pour la femme qu’il retrouve, mais il n’y avait pas que ça, tout ce qu'il faisait n'était pas faux, tout n'était pas simulé. Cela ne tenait pas seulement à sa petite vengeance, il y avait plus, il y avait ce cœur qui s’était serré à la vision de la stupeur de la demoiselle. Contrairement à ce qu’on pouvait penser, il avait tenu à Sarah, plus qu’à n'importe quelle autre femme qu’il avait côtoyée, il n’aurait jamais pu supporter sa présence aussi longtemps si cela n’avait pas été le cas. De l’amour ? C’était peu probable, Nate n’était certainement pas réellement capable d’avoir ce genre de sentiment, mais on s’attache bien à un chien ou à un chat ou, à n’importe quel animal de compagnie, et on ne pouvait pas nier que Sarah était une personne plutôt agréable à vivre. Alors oui, aussi froid soit son cœur, aussi égoïste pouvait-il être, il avait ressenti des choses auprès d’elle et la voir là, allongée dans ce canapé, lui tordait étrangement l’estomac. « T’es sérieux là ? », son ton était soudain devenu glacial et il regarda ce qui était censé être son ami avec un sourcil levé, preuve de sa perplexité. « Tu trouves vraiment que c’est le moment de faire ton petit interrogatoire ?! Je te raconterais tout ce que tu voudras plus tard, on pourra même rentrer dans les détails si cela peut te faire plaisir. Je te dirais tout ce dont je me souviens… Certaines choses ne sont pas très claires, mais je ferais du mieux possible. », sa voix s’était faite un peu tremblante à l’évocation des souvenirs et il avait une nouvelle fois regardé ses pieds, feignant l’embarras, la gêne de se retrouver aussi démunis face à sa mémoire défaillante. Une nouvelle fois l'ensemble de ses dires n'était pas feint, il y avait une part de vérité dans ses paroles. N'oublions pas que ce qui fait les meilleurs mensonges est justement cette petite touche de vrai qu'on glisse à l'intérieur.
Lorsqu’il avait redressé la tête, ses yeux s’étaient attardés sur la main de James, toujours fermement accrochée à son arme et il avait secoué la tête de gauche à droite tandis qu’un petit rire amer avait franchi ses lèvres, « Tu serais prêt à me tirer dessus, n'est-ce pas ? », il n'attendait pas vraiment une réponse à sa question et il enchaina rapidement, « T’as bien changé James... ». Le brun avait fait quelques pas en direction du salon, marchant à reculons tout en fixant d’un air triste celui qu’il avait pendant des années considéré comme son frère. « Tu devrais m’apporter le linge propre que je t’ai demandé, Sarah va avoir besoin de se rafraîchir et pour l’heure, elle est tout ce qui compte alors laisse ta méfiance ridicule de côté. », il avait repris sa place auprès de la jeune femme, glissant à nouveau sa main dans la sienne, déposant la seconde sur sa joue et laissant son pousse caresser doucement sa pommette. Il n’avait pas imaginé que son retour serait si épique, évidemment qu’il avait envisagé la vigilance de James, mais lorsqu’il avait vu Sarah s’évanouir, il avait pris ça comme un cadeau des dieux, son « ami » ne pourrait qu’être inquiet pour elle, tellement préoccupé qu’il en oublierait d’être suspicieux. À croire que l’amour qu’il disait ressentir pour elle était bien moins fort que la haine qu’il avait pour Nate. Le constat était dur pour ce dernier, l’avait-on balancé à la mort pour du flan ?
Le brun avait besoin de réponses, parce qu’il savait très bien que ce retour allait probablement changer tout ce qu’il avait dans sa vie actuellement : Sarah. Celle qu’il aimait depuis tant d’années allait surement s’éloigner de lui, elle allait surement regretter de s’être rapprochée de lui, les deux avaient cette attirance, cette alchimie naturelle, ils s’étaient avoués aussi qu’ils s’aimaient plus que de simples amis, mais Nate était de retour, il était de retour et faisait revenir les doutes dans l’esprit du jeune Hargreaves. Il se souvenait de tout, de tout ce qui s’était passé, des discussions qu’ils avaient eu et James avait toujours serré les dents, il n’avait jamais rien dit parce que justement Nate était comme un frère pour lui. Pourtant, les déceptions avaient été nombreuses, l’avoue de Keller qui lui avait parlé de fuir seul lorsque les braquages seraient terminés, qu’il les abandonnerait tous avait creusé un fossé entre eux, et ce fossé était devenu abyssal le jour où Nate avait failli abandonner Sarah une énième fois pour sauver sa vie. James le savait à cette époque, il le savait encore aujourd’hui, son ami d’enfance n’aurait pas hésité une seule seconde à le pousser dans une horde de morts vivants pour avoir une chance de survie supplémentaire. Les comportements étaient bien différents entre eux, et parfois il se demandait comment ils avaient pu être amis toutes ces années, surement qu’avant tout ça, qu’avant l’idée des braquages, Nate était différent. « Deux minutes, elle va bien, elle est plus forte que ce que tu crois. » Oh oui, Sarah était la plus forte des trois, elle n’en avait pas encore prit conscience, mais des trois elle était surement celle qui avait le plus de potentiel pour survivre. Elle allait pouvoir participer à la création d’un nouveau monde, elle allait pouvoir avec ses idées rebâtir ce qu’ils avaient tous perdus. Nate et James avaient moins de capacités qu’elle, elle restait une meneuse même si elle ne voulait pas se l’avouer.
« Il faut certaines réponses Nate, je suis désolé. Tu réapparais après des mois d’absences alors qu’on te pensait mort et crois moi, je suis heureux de savoir que tu es en vie car tu représentes un lien avec mon passé, mais je n’oublie pas ce que tu as pu me dire lorsqu’on était en fuite. Je ne te reconnaissais plus, je veux juste m’assurer qu’on ait rien à craindre de toi. » Et pour le moment, le brun se méfiait. Nate avait été capable de les mettre tous les deux dans la balance, pourquoi est-ce que son comportement aurait changé ? James le voyait bien chamboulé, mais sa présence ici faisait vivre le même séisme à Sarah tout comme à lui-même. Le brun avait vu le regard sur l’arme, ce sourire amer, et James baissa quelques secondes son regard en déglutinant avant de le regarder droit dans les yeux en soupirant. « Je ne veux pas qu’elle souffre, c’est tout. Tu sais que je l’ai toujours aimé. » Mais Nate avait déjà fais quelques pas en direction du salon, et si son regard était triste, il en était de même pour l’américano-brésilien. Hargreaves avait relaché la tension sur la crosse, avant de prendre le linge et de revenir dans la pièce, le déposant sur une table avant de regarder Nate. « Déconne pas cette fois Nate. On sait tous les deux ce que tu faisais à l’époque, et Sarah est une fille bien qui ne mérite pas de souffrir. Elle a souffert de ta mort, elle a vécu des moments durs ces derniers temps, n’en rajoute pas s’il te plait. » En souvenir de leur enfance ? Il espérait bien que Nate soit encore là, quelque part enfoui en dessous de la couche d’égoïsme dont il avait fait preuve avant de mourir. James souffrait encore de cette trahison, des mots durs qu’il avait eu à son encore, mais il savait aussi l’attachement de Sarah envers lui et se sentait à présent de trop, alors il baissa son visage et s’éclipsa, retournant à la porte de la maison, non loin pour intervenir si jamais il y avait quoique ce soit qui mettait la vie de la jeune Wilson en danger.