Cela faisait peu de temps qu’il avait retrouvé les personnes qu’il avait considérées à une époque comme ses amis. Les retrouvailles avec Sarah auraient pu être touchantes… En réalité, elles l’avaient été, mais si déjà avant cette épidémie Nate avait du mal à ressentir les émotions, depuis que les morts se relevaient, il fallait bien avouer que son cœur était devenu encore plus froid. La trahison de James n’avait en rien amélioré son avis sur le genre humain, et il était désormais clair pour le jeune homme que pour s’en sortir, il ne fallait compter que sur soi-même et ne faire confiance à personne. Son meilleur ami n’avait pas hésité à le balancer au milieu des décharnés, et pourquoi ? Pour les beaux yeux d’une fille ? Une nana qui de toute façon le préférait à lui… C’était parfaitement ridicule ! Nate avait possédé ce que Hargreaves désirait le plus au monde et il se ferait un malin plaisir de la posséder à nouveau. Il la ferait crier, hurler de plaisir jusqu’à ce que cela parvienne aux oreilles de son pote. Il voulait voir son visage se déformer lorsqu’il comprendrait qu’une fois encore, elle l’avait préféré à lui, qu’une fois encore, c’était lui qui posait ses mains sur elle, lui qui l’embrassait et que c’était pour lui qu’elle avait pleuré toutes les larmes de son corps durant les mois qui venaient de s’écouler.

« James, tu seras toujours le second choix... », c’est en ricanant qu’il déambulait dans les larges couloirs de l’aéroport de Cancun. Nate avait eu besoin de s’évader l’espace de quelques heures, car bien que son petit jeu l’amusait beaucoup et qu’il prenait un malin plaisir à torturer psychologiquement le BFF de son cœur, il fallait bien admettre que toute cette histoire le bouleversait sur certains points. Il n’avait pas retrouvé l’intégralité de sa mémoire, et partager ses journées avec les deux personnes qui le connaissaient le mieux était déroutant. Ils abordaient parfois des souvenirs qui ne lui rappelaient absolument rien, ce qui avait le don de l’énerver et de lui retourner le cerveau. Ce problème de mémoire jouait dans son sens, car dans ces moments-là, personne ne pouvait douter de ses oublies, la légère panique qui devait être visible au fond de ses yeux avait dû – presque – convaincre James de sa bonne foi, et les deux garçons se tiraient un peu moins dans les pattes qu’à son arrivée.

Il avait marché sans but, il voulait juste s’éloigner de cette maison et de ses habitants et c’est parfaitement par hasard qu’il s’était retrouvé face à ce bâtiment d’acier qui, il l’espérait, pouvait encore regorger de petits trésors. Il y avait peu de chances de trouver quelque chose de réellement intéressant, l’endroit avait dû être fouillé et pillé à de nombreuses reprises, mais Nate était du genre têtu et surtout, il y avait certains objets qui paraissaient inutiles à la plupart des gens et qui, à ses yeux, valaient tous les trésors du monde. D’ailleurs, il avait déjà rempli son sac de tout un tas de plantes qu’il avait trouvé dans un petit magasin de souvenirs. Les herbes qu’il avait amassées ne se trouvaient pas dans cette partie du Mexique, et elles étaient particulièrement efficace pour lutter contre certains maux… La douleur à son bras allait enfin pouvoir être apaisée !

Ravi de ses trouvailles, le brun marchait rapidement et ses pas se stoppèrent net en passant devant un Duty-free. Perplexe et sans grand espoir, il passa la tête et quelle ne fut pas sa surprise en découvrant les rayons quasiment tous entièrement pleins ! Ça, s’était avoir de la veine ! Il naviguait à travers les allées, salivant devant les paquets de confiseries avant d’en ouvrir un. Il continua son investigation tout en dégustant les minis Snickers qu’il avait trouvé en promotion et alors qu’il plongeait à nouveau sa main à l’intérieur du paquet, un sourire amusé étira ses lèvres.

« Vous n’oublierez pas de passer à la caisse, mademoiselle ! », il avait prit un ton sérieux pour imiter un gars de la sécurité. Quelques mois auparavant, le lieux avait dû être le spectacle de scènes similaires et si aujourd’hui sa phrase lancée à la volée pouvait paraître ridicule, lui, ça le faisait doucement marrer. Nate n’avait aucune idée de qui se trouvait face à lui, mais la jeune femme ne semblait pas dangereuse et, au vu de sa tenue, il était évident qu’elle n’avait aucune arme sur elle…

Nate avait toujours aimé les jeux de rôle, se faire passer pour ce que l’on n'est pas, voilà un petit amusement qui lui était tout personnel. Il n’avait pas passé sa vie à mentir à ceux qui l’entouraient, loin de là, seulement, Nate était du genre à avoir différents visages et il arrivait que lui-même se perdre entre toutes ses facettes. Le jeune homme pouvait être sincère, il l’était la plupart du temps, mais il s’arrangeait pour que son lui un peu trop narcissique et égoïste ne transparaisse pas trop. Il préférait qu’on le regarde comme le faisait Sarah ou ses parents adoptifs, avec des yeux remplis d’étoiles dont il aimait se moquer intérieurement. Il était si facile de duper les gens, alors pourquoi s’en priverait-il ? Pourtant, il appréciait également de jouer franc jeu par moments et face à la jeune inconnue qui venait de croiser son chemin, il décida d’être le véritable lui-même.

« La flicaille a toujours aimé les biftons. », sa phrase énoncée dans un rire lui avait rappelé un souvenir oublié. Il se revoyait entouré de James, Sarah et d’hommes brandissant fièrement des insignes de policier.

Perdu au fin fond de son esprit, il l’avait regardé se rapprocher sans réellement la voir, il aurait volontiers esquivé son geste pour l’empêcher de lui piquer un snickers, mais il en avait été incapable, comme bloqué dans sa propre tête. Bon sang qu’il avait horreur de ça ! Cependant, il reprit pied rapidement et voir l’effet que le chocolat, ou le manque de chocolat, pouvait produire sur la jeune femme l’amusait particulièrement. C’est vrai que depuis le début de tout ce merdier, les petits plaisirs de la vie qui semblaient si insignifiants avant se faisaient désormais bien rares.

« Vas-y, je t’ en prie, sers-toi.. », c’était dans un murmure ironique qu’il avait levé un sourcil et qu’un sourire en coin s’était faufilé sur ses lèvres alors qu’elle avait pioché sans autorisation dans son paquet de délices chocolaté. « Tu n’es pas la première à me le dire, mais d’habitude, je connais le prénom de la femme qui s’émerveille. », son sourire s’était agrandi et il se mordit la lèvre inférieure pour ne pas rire sous la tirade qu’elle lui sortait pour lui donner son identité. « Peut-on réellement dire que Bellatrix était méchante ? Un peu folle peut-être… Il me semble avoir vu un rayon bibliothèque par là-bas ! », l’enthousiasme de la demoiselle était communicatif, sans compter que Nate avait toujours aimé les bouquins. Avec un peu de chance, il allait trouver de quoi écrire, un carnet et un stylo lui permettrait de pouvoir retrouver le bonheur de coucher sur papier ses pensées. Il pourrait trier ses souvenirs, faire le point sur sa mémoire. Il ne connaissait pas meilleure thérapie que l’écriture, ça lui permettait de se débarrasser de son trop-plein d’émotion et d’une certaine part de noirceur qui le bouffait de l’intérieur par moments. C’était décidé, il lui fallait de quoi écrire !

« J’ai l’air d’un porte-manteau ambulant ? Non, ne réponds surtout pas ! », il avait tant bien que mal levé un de ses bras pour lui faire signe de se taire. « Tu comptes vraiment embarquer tout ça ? Bien que je ne doute absolument pas que cette petite robe à fleurs t’aille à merveille, tu crois vraiment en avoir besoin ? », il était dubitatif quant à l’intérêt d’un tel shopping. « Ah les femmes et leur folie dépensière ! Même l’apocalypse ne parvient pas à calmer ça. Heureusement que tu as les poches remplies d’oseilles. », il lui dédia un clin d’œil tandis qu’ils déambulaient désormais dans le rayon bijouterie. Nate s’attarda un instant sur les colliers qui s’étalaient sous ses yeux et l’un d’eux lui fit penser à Sarah. Il était sûr que ce bijou lui plairait, mais quelle futilité dans le monde actuel ! Il ferait bien mieux de rapporter de quoi manger ! Après tout, il pouvait très bien faire les deux...

Déposant toutes les fringues de son étonnante rencontre sur le comptoir, il contourna ce dernier et ouvrit la vitrine. James enragera à chaque fois qu’il verrait le pendentif au cou de sa bien-aimée et cette pensée venait de se faire étirer les lèvres du brun en un sourire à la fois satisfait et totalement machiavélique. C’est tout en rigolant qu’il fourra le bijou dans sa poche avant de récupérer les vêtements et de rejoindre Inès qui venait de le distancer.

« Tu as l’intention de me faire un défilé pour me remercier de jouer les porteurs où je fais ça gratis ? », il était d’humeur joueuse et puis, de toute façon, il était sorti prendre l’air afin de se changer les idées et de pouvoir penser à autre chose que sa petite vendetta. Quoi de mieux pour cela qu’un peu de bon temps en compagnie d’une jolie demoiselle qui semblait avoir également envie de s’amuser. « Sinon, je suis sûr qu’on doit pouvoir trouver un autre endroit pour se marrer toi et moi. », un petit sourire en coin, il réfléchissait à ce qu’on pouvait trouver dans un aéroport vidé de ses âmes depuis des mois. « Je sais ! Suis-moi ! Ne t’inquiète pas, je suis convaincu qu’on retrouvera ton butin intact quand on repassera par ici. », il avait lâché le tas de fringues sur un fauteuil qui trônait juste à côté.

Attrapant la main de la jeune femme, il l’entraîna rapidement en dehors du Duty-free pour finalement s’arrêter devant une porte portant l’inscription : "Tropical Lounge".

« Avec un peu de chance, on va nous servir un super cocktail ! », il rigola tout en ouvrant la porte. Dans son souvenir, les salons de première classe étaient toujours sympas, agréables et la plupart du temps, on pouvait y trouver un billard ! C’était ce dernier qu’il espérait trouver en plus de canapés confortables et s’ils continuaient à avoir le cul bordé de nouilles, ils pourraient effectivement tomber sur de bonnes bouteilles leur permettant de se préparer des verres colorés qui réveilleraient leurs papilles !

Pour sûr que s’il l’avait entendu lui raconter son histoire de pipe, Nate ne se serait pas privé de faire une réflexion bien graveleuse, après tout, la demoiselle était en train de lui manger l’entièreté de son paquet… Mais il fut happé par un collier lui rappelant Sarah et s’imaginer la tête de son meilleur ami lorsqu’il le verrait autour du cou de la jeune femme l’amusait particulièrement. Après avoir fourré le bijou dans sa poche, il avait rejoint Inès en lui demandant si elle avait l’intention de lui faire un défilé en guise de salaire pour ses bons services.

« Je n’ai aucun doute sur le fait qu’une jolie robe m’aille à merveille, mais je crois que je préférerais encore déambuler nu. », il avait éclaté de rire suite à la répartie de la jeune femme et puis il lui proposa de trouver un endroit plus approprié afin de s’amuser. Sa phrase avait été teintée de sous-entendu et il fut ravi qu’elle le comprenne, mais là, en l’occurrence, il pensait plus à un petit jeu mêlant alcool et billard américain.

« Une dame ? Où ça ? », il avait balayé la salle du regard, faisait mine de chercher quelqu’un. « Oh, tu parles de toi ? Tu ressembles bien plus à une petite fille bien trop sage... », il la cherchait ? Ce n’était absolument pas son genre voyons… En était témoin le petit sourire amusé et narquois qu’il lui envoyait en plein visage avant de lui attraper à la main tandis qu’une idée venait de fleurir dans son superbe esprit.

Le salon des premières classes ! Voilà un lieu où les deux jeunes gens pourraient s’amuser, à coup sûr, il restait surement là-dedans de quoi faire de bons cocktails et peut-être même qu’ils pourraient trouver de quoi faire péter un peu les watts. La musique, danser en soirée et ramener une nana dans son pieu, ça, c’était un programme qui manquait au brun !

« Tu viens de le dire, appelle moi Génie ma belle ! Dieu me sied également pas trop mal. », il avait pénétré dans le « Tropical Lounge » sans vraiment se méfier. Nate pouvait sembler un peu inconscient par moments, mais en réalité, il était persuadé que de toute façon, il gagnerait toujours face à un bouffeur de cervelles. L’histoire penchait en son sens, il était sorti presque indemne d’une marée de mordeurs alors même qu’il avait été totalement pris au dépourvu. Il était bien trop fantastique pour mourir d’une façon si stupide, et puis, l’univers allait avoir besoin de lui pour repeupler la terre, alors il croyait en sa bonne étoile ! Il se retourna vers la jeune femme et l’air émerveillé qu’elle lui renvoya le fit sourire. « Sinon plus sérieusement, tu peux m’appeler Nate. Bienvenue dans notre royaume pour l’après-midi ! », il avait désigné la pièce d’un mouvement de bras tout en tournant sur lui-même, puis il avait vu Inès se précipiter jusqu’au bar.

« Comment as-tu deviné ? », levant un sourcil dans sa direction, il rigola en voyant son enthousiasme. En réalité, ce n’était absolument pas son cocktail préféré, mais à l’heure actuelle, il n’en avait pas grand-chose à faire, sentir un peu d’alcool lui chauffer la gorge allait être agréable, peu importe ce qu’il allait boire.

Pendant que la demoiselle s’affairait derrière son bar, Nate était parti à la découverte du lieu. Des canapés recouverts de coussins moelleux faisaient face à une énorme baie vitrée qui donnait directement sur la piste de décollage, des tables étaient installées par-ci par-là. Mais lorsqu’il tomba face à un billard au tapis vert dont les boules étaient gentiment déjà installées en son centre, il ne put que se féliciter silencieusement. Décidément, il était vraiment trop génial !

« Tu ne devineras jamais ce que j’ai trouvé ?! », Nate était revenu vers Inès, délaissant son trésor et riant en esquivant un glaçon qu’elle venait de lui jeter au visage. « Tu croyais m’avoir aussi facilement ? », il avait contourné le zinc pour se retrouver du même côté et s’accouda au bar tout en attrapant son verre. Il trempa ses lèvres dans la boisson et laissa échapper un petit gémissement de contentement quand il sentit la brûlure glisser le long de sa gorge. « Dis donc, tu n’as pas eu la main légère ! Tu veux me saouler rapidement on dirait... », tournant son visage sur la droite, il fit un clin d’œil avant de se redresser. « Prends ton verre, et n’oublie pas la bouteille de rhum ! », il avait déjà fait quelques pas quand il lui fit signe de le suivre.

« Tu sais jouer ? », arrivé vers le billard, il laissa glisser ses doigts sur le cadre en bois tout en fixant la jeune femme. Nate avait bien une petite idée de ce qu’ils pourraient mettre en jeu et le fait de donner un gage au perdant faisait entièrement partie de son plan. Mais il hésitait sur la partie à faire. Partiraient-ils sur un style classique, ou allaient-ils s’amuser façon strip-poker ?

Comment ça, il ne serait certainement pas en mesure de réaliser ses vœux ? Elle le prenait pour qui ? Nate n’était pas un amateur, mais il y avait fort à parier que si elle les lui avait énoncés, il en aurait juste eu rien à cirer alors, en finalité, aucun d’eux n’aurait été réalisé. Cependant, il va sans dire que si les désirs de la demoiselle lui avaient semblé lui apporter la moindre petite chose de bénéfique alors il aurait tout mis en œuvre pour les exhausser, pour sa propre personne et non pas pour elle. Il préféra néanmoins ne pas répondre, se contentant de dodeliner de la tête en souriant tandis qu’elle courrait derrière le bar pour leur préparer un Sex on the Beach.

« C’est tout un programme que tu nous prépares avec ce cocktail... », et il l’avait laissé s’amuser avec les bouteilles et les verres pendant qu’il s’éloignait faire un tour du propriétaire. Le lieu était agréable, étrangement préservé de dégradations et de pillages comme si les habitants de Cancun avaient décidé de le laisser intact. Il représentait désormais l’un des seuls endroits des environs prouvant que l’existence d’avant avait bel et bien existé et que le monde n’avait pas connu qu'horreur et désolation. S’il avait été sentimental, sans doute, aurait-il pensé à ses parents, il aurait pu s’imaginer grimper à bord d’un avion et rentrer aux États-Unis pour retrouver ceux qui l’avaient vu grandir en lui offrant une vie merveilleuse. Mais Nate n’était pas comme ça et la seule chose à laquelle il pensa en voyant les fauteuils confortables, la vue impressionnante et l’énorme billard qu’il venait de trouver fut qu’il allait s’éclater entre ces murs et que cette journée s’annonçait particulièrement distrayante !

« Tu disais quoi ? Pas un verre pour les pédales ? », il leva un sourcil railleur dans sa direction. « Tu vas t’en remettre ? », il rigola alors qu’elle toussait pour finalement s’extasier devant sa boisson. Puis, attrapant son verre, il l’invita à la suivre en lui demandant de ne pas oublier l’alcool. C’était un bon jour pour s’enivrer et oublier un peu tous les tracas du quotidien. Aujourd’hui il n’y avait plus de James, plus de Sarah, plus de mémoire défaillante, plus d’inquiétude quant à ce que devenait Lana chez les Mitans, il ne restait que le fait de vouloir profiter de la vie en riant. Et qu’est-ce qu’il avait ri quand elle lui rétorqua savoir manier à merveille une queue alors qu’il venait de déposer son verre sur une table à proximité tout en lui demandant si elle savait jouer… Se rendait-elle compte du sens de ses paroles ou était-elle simplement nature/peinture et particulièrement portée sur la chose ? Peu importe, les deux lui convenaient parfaitement !

« Je ne me faisais pas de souci pour toi à ce sujet-là. Bien que je trouve un tantinet présomptueux de penser réussir à faire rentrer tout cela dans un espace si… étroit. », il la regardait avec un air amusé au fond des yeux. Il explosa de rire face à sa réponse et leva les mains devant lui dans un signe de pure innocence, « Loin de moi d’avoir imaginé cela ! Tu sembles si pur et chaste que ça ne m’a même pas traversé l’esprit ! ».

Il avait attrapé une queue et c’est tout en tapotant le manche contre le sol qu’il réceptionna la boule blanche qu’elle avait fait glisser sur le tapis.  

« Peu importe l'activité à laquelle on joue, le strip est toujours le plus amusant ! », il plaça sa boule et l’encocha, envoyant directement le numéro 6 dans un filet. « Tu n’as pas à t’excuser sauf pour le fait de m’avoir appelé ma poule. D’ailleurs, je trouve que pour cette offense, tu devrais déjà retirer au moins deux vêtements, et je ne parle pas des chaussettes ! », il n’avait nullement envie de parler de choses personnelle surtout si c’était pour faire référence à une hypothétique situation morbide qui ne le touchait pas plus que cela, si ses parents étaient en vie tant mieux, sinon, tant pis. « C’est à ton tour. ».

Contournant le billard en bois pour lui laisser la place, Nate était en train de faire le compte du nombre d’épaisseur qu’ils allaient avoir à enlever. Le calcul était rapide. Peu. Il faisait une chaleur à crever dans ce pays et les couches de vêtements ne s’empilaient pas sur les peaux alors pour faire durer un peu plus le plaisir, il venait d’avoir une idée. « Et si on corsait un peu les choses ? Si aucune boule n’atteint un filet, la malchanceuse reçoit un gage à effectuer avant le tour suivant. », en employant uniquement le terme au féminin, il venait de sous-entendre qu’elle allait obligatoirement rater son coup. Lorsqu’elle se prépara à tirer, il se rapprocha doucement d’elle. L’observant attentivement alors qu’elle se concentrait sur son jeu, il attendit le dernier moment, celui où elle allait envoyer valdinguer la blanche puis… « ATCHOUUUUUM ! », il laissa tomber sa queue au sol afin de passer ses mains devant son visage pour camoufler le petit sourire qui venait de s’y faufiler. « Oups. Désolé, ça doit être la poussière. Je ne t’ai pas fait peur au moins ? », s’agenouillant pour récupérer sa tige en bois, il releva la tête et prit un air mutin. « Avec tout ça, je n’ai pas vu, ça à donné quoi ? », ses yeux cherchaient le filet ayant réceptionné un numéro tandis qu'il était plutôt fier de son petit numéro.

Il l’avait regardé en rigolant tandis qu’elle s’étonnait bruyamment de la dose d’alcool qu’elle avait elle-même mise dans le cocktail et c’est avec un petit sourire mutin qu’il répondait à sa question. « C’est vrai que tu as de la chance, je fais un copain d’amusement particulièrement agréable. », il se jetait des fleurs ? Tout à fait et sous son petit air arrogant teinté de connerie se cachait juste la réalité ! Nate avait parfaitement conscience de ses qualités, mais il aimait camoufler cette partie de sa personnalité sous une couche de plaisanterie bien épaisse laissant croire à son auditoire qu’il ne s’agissait là que de blagues. Sûr de lui, il l'était, mais il évitait constamment de montrer son véritable visage, sans doute était-ce là sa manière à lui de se protéger du monde extérieur...

Il lui avait demandé de le suivre en embarquant l’alcool, il était grand temps de s’amuser un peu et pour cela, il n’y avait rien de mieux que le billard qu’il avait trouvé en parcourant les lieux. La table de jeu lui rappelait de bons souvenirs, il en avait passé des soirées à l’université à faire des parties avec ses potes dans ce bar à la sortie du campus et qu’est-ce qu’il en avait emballé des filles dans ce même bar… C’était la bonne époque ! Celle où les morts de ne se relevaient pas, celle où seul comptait le trio qu’il formait avec James et Sarah ! Bon ok, il appréciait aussi ne pas les avoir dans les pattes et pouvoir faire ce que bon lui semblait de temps en temps, il avait ce besoin de respirer et de s’éloigner parfois, comme aujourd’hui… À croire que peu importe l’état du monde, on ne change pas qui nous sommes finalement. Et à cet instant, Nate ne voulait qu’une seule chose : s’éclater ! Il semblerait que le jeune homme soit tombé sur la personne idéale pour ceci, Inès avait de l’humour, elle était bon délire et donnait l’impression de ne pas aimer se prendre la tête, c’était parfait !

Alors qu’il frappait la première boule, il l’entendit faire le compte des couches à enlever et la demoiselle partait avec une longueur d’avance, il faudrait corriger ça ! Il sauta sur l’occasion d’un surnom bien trop ridicule qu’elle lui donna pour jouer les offusquer, et pour se faire pardonner, elle devrait retirer quelques épaisseurs.

« Tu n’auras pas besoin de faire exprès de perdre… De toute façon, tu finiras sans tes vêtements. », elle pouvait prendre sa remarque comme de la simple arrogance quant au résultat de la partie ou autrement... Vu les sous-entendus qu’elle avait elle-même fait, il pouvait se permettre d’en faire également tout en la regardant avec un sourire jusqu’aux oreilles. Lorsqu’elle fit passer sa chemise par-dessus sa tête, Nate ne se gêna nullement pour laisser ses yeux vagabonder à leur guise sur la peau qui se dévoilait à eux, « Petit chou ? C’est de pire en pire ! ». Il riait de cette manie qu’elle semblait avoir de l’affubler de noms ridicules, mais s’il devait lui dire de virer un vêtement à chaque fois, la partie serait effectivement vite terminée et Nate aimait faire durer le plaisir un peu plus que cela, c’est pourquoi quand il vit le numéro entrer directement dans le filet, une idée germa dans son esprit.

« Intéressant, c’est le terme parfait pour parler de la situation. », il la regardait avec un sourire aux lèvres tandis qu’elle cherchait le meilleur angle pour tirer. Le fait de se retrouver en soutien-gorge face à un inconnu ne semblait pas lui poser de problèmes, ce qui n’était pas pour déplaire au jeune homme. Il lui proposa le petit jeu complémentaire auquel il avait pensé, Nate avait toujours adoré "action ou vérité", et si poser des questions avait tendance à l’ennuyer, la vie des autres ne l’intéressant pas vraiment, lancer des gages, ça, ça le bottait carrément ! Après l’approbation de la demoiselle, il espérait grandement qu’elle foire son coup. Laisser le hasard participer ? Que nenni ! Nate se débrouillait systématiquement pour que tout se déroule comme il l’entendait et une apocalypse ne changerait pas cela ! Il avait donc fait en sorte de la faire sursauter au moment même où elle s’apprêtait à tirer la boule de son choix. Oups, la poussière et lui, ça ne faisait vraiment pas bon ménage… Il cherchait des yeux le résultat d’Inès et il ne cacha plus son sourire en voyant qu’elle avait bel et bien réussi à mettre une boule au fond du filet, sauf que celle-ci s’avérait être une pleine, soit l’une de sienne, c’était encore bien mieux que ce qu’il avait espéré.

« Dis donc demoiselle, auriez-vous un message à faire passer en envoyant l’une de mes boules dans votre filet ? », s’il se moquait en reprenant la méthode qu’elle avait employée un peu plus tout ? Oui et ça l’amusait beaucoup. « Et je n’ai pas triché ! Ce n’est pas de ma faute si cet endroit est… poussiéreux. », Nate ne trichait jamais, tout comme il ne mentait pas ! Il s’arrangeait simplement avec la vérité et il faisait en sorte que les choses se déroulent au mieux pour lui. On appelle cela : être malin et avoir de la ressource, rien de machiavélique là-dessous… Plus le temps passait, plus son sourire s’agrandissait, il décida donc de jouer bon camarade, « Bien que je trouve cela particulièrement injuste, je vais rentrer dans ton jeu. Concernant le gage… Étant donné que tu as parlé de cinéma tout à l’heure et que tu m’as donné grandement envie de voir un film, je veux que tu me refasses l’une de tes scènes préférées. À toi de choisir, mais il faudra que je reconnaisse ! ». Tout en parlant, il avait retiré ses chaussures avant d’aller s’installer dans un des fauteuils qui trônait non loin. « Mademoiselle Lestrange, je vous attends. Et interdiction de me jouer du Harry Potter ! Non seulement je connais déjà ta passion pour cet univers, mais avec ton nom, se serait bien trop évident. », les pieds posés sur la petite table basse en face de lui, Nate pouvait presque se croire au théâtre.